Impressions de voyage
IMPRESSIONS DE VOYAGE, Sud de la France, mai 2008
L'Aveyron : un paysage déchiré, brisé et chaotique, à perte de vue et de repères. L'on ne peut qu'imaginer la profondeur des avens, que se perdre dans l'immensité désolée des Grands Causses, se souvenir des jeunes « trouffions » des années 50 qui, sur le plateau du Larzac, devaient certainement effectuer des manoeuvres d'entraînement militaire avant leur embarquement à Marseille sur le « ville d'Alger »... Et ces villages haut perchés ou enfouis au croisement de deux défilés, que l'on ne peut atteindre que par des routes fissurées, jonchées d'éclats de roche, à la même vitesse que les anciennes charrettes!
Montpellier le Vieux! Qui ne ressemble en rien au Montpellier « le jeune » fief de Georges Frèche le « pourfendeur » des Harkis, réélu et replébiscité au Conseil Régional!
Montpellier : l'empreinte de Rome du temps de la Provincia Romana du 1er siècle av JC.
Palavas les Flots : la « Babylone » balnéaire, estivale, résidentielle, de la saison d'été ; là où viennent s'entasser sur les plages, des milliers de vacanciers venus des grandes villes de France et d'Europe... Des campings géants, criblés de caravanes, de cubes à vacances en bois ou en plastique, avec des arbres maigrichons!
Là, en plein soleil, sans ombre, sous la tente « on a chaud la cacahète! »
DECOUVERTE D'UN PAYS OU D'UN LIEU
D'aucuns lorsqu'ils font la découverte d'un pays, d'une ville, d'un site touristique, d'un lieu typique... Ecument les offices de tourisme, accumulent prospectus et petites brochures ; achètent petits livres, guides, cartes postales et objets divers ; arpentent rues et trottoirs, s'arrêtent devant chaque vitrine, entrent dans les boutiques d'artisanat local ou même dans ces « échoppes à touristes » que l'on voit partout ; passent le plus clair de leur journée de voyage à « feugner » de droite et de gauche, de tic et de toc, d'avant en arrière et d'arrière en avant ; tout cela sans le moindre souci de l'heure qui passe et s'étend d'une extrême lenteur jusqu'au soir...
Pour ma part je m'intéresse presque essentiellement à l'histoire, au patrimoine et à la culture locales. Il me sied peu d'arpenter les trottoirs et d'écumer les boutiques, les églises et les offices de tourisme...
Paysages, grands espaces sauvages et naturels, visages ; tout ce qui de près ou de loin, ou de manière fugitive, touche au relationnel... L'atmosphère et l'intimité d'un lieu, ce que l'on peut imaginer des gens vivant là, de ce qui s'est passé, de ce qui viendra... Voilà donc ce qui m'interpelle et retient mon regard, entre dans mon esprit et m'émeut...
Le samedi 10 mai 2008 en début d'après midi sous un soleil magnifique, je me souviendrai toujours de cet énorme lézard vert traversant la route de Grasse à Vence : il est tout juste passé entre les roues de ma voiture et a poursuivi son chemin.
Cela m'aurait désolé d'écraser ce si beau lézard.
A AIGUES MORTES, LE 5 MAI 2008,
Lu dans un cahier de dessin à Aigues Mortes, ce 5 mai, un mot de Cézanne : « L'art est une religion. Son but est l'élévation de la pensée ».
L'art n'est pas, dans mon idée, une religion. Car la religion n'élève pas la pensée : elle la mortifie, plutôt...
Je me refuse à considérer l'art comme une religion. Ce serait dire que la littérature, la peinture, la sculpture, le cinéma, le théâtre entre autres... De même que la religion, ont aussi leurs élus, leurs messes... Or il se trouve à mon sens que l'art s'élève au dessus des cultes, des visions du monde, de ce que j'appelle « la voie royale »...
L'art est un coup de pied dans la « fourmilière royale » qui a libéré les fourmis.
ST PAUL DE VENCE
St Paul de Vence, un lieu privilégié du pays Niçois où se réunirent peintres,sculpteurs,cinéastes, écrivains,comédiens et acteurs...
Devant la maison de la presse tout près du café de la place et du vaste boulodrome en terre battue, l'on peut feuilleter un grand album de photos en noir et blanc « Paul,Jacques,Yves et les autres », de Jacques Gomot. L'on reconnaît en tournant les pages, Jean Paul Belmondo,Jacques Brel,Yves Montand,Simone Signoret,Serge Reggiani,Jacques Prévert entre autres...
Aujourd'hui ici comme ailleurs, des cars venus de toute l'Europe déversent des centaines de touristes que l'on voit déambuler dans les rues étroites de la cité entourée de remparts...
Les touristes de passage ne se nourrissent pour la plupart d'entre eux, que de sandwiches, n'achètent que des cartes postales ou de petits souvenirs « bon marché »...
Visiblement les boutiquiers n'attendent ici que le visiteur riche et « un peu piqué » d'Amérique, de Russie ou d'Asie, qui achètera quelque pièce rare, sculpture,tableau...
Et je me dis en apercevant tous ces tableaux, toutes ces sculptures,
toutes ces compositions pour la plupart d'art nouveau ; que le temps des « géants » du 20ème siècle, du cinéma, de la peinture, de la sculpture, de la littérature, qui ont marqué leur époque et fréquenté ce lieu dans une atmosphère de convivialité,d'intimité ;
est bien révolu... Et qu'explose désormais une mouvance dans laquelle tout devient imaginable, réalisable, concevable,vendable...
Dans cette mouvance infinie et sans cesse en évolution – mais qui aussi se renouvelle, se répète – je me dis qu'il n'y a plus que cela...
Comme dans une impasse au fond de laquelle on ne ferait qu'arranger des cailloux épars en toutes sortes de réalisations étranges ou abstraites dont le sens nous échappe parce que la vie intérieure de l'artiste s'est immergée dans la mouvance...
St Paul de Vence c'est cela aujourd'hui : une impasse d'extrême et infinie mouvance, avec tout de même un peu, le souvenir des « géants ».
J'ai un peu « mal aux ailes » dans cette infinie mouvance de notre époque où l'on ne retrouve plus l'atmosphère d'antan, cette atmosphère dont on peut garder la nostalgie et qui de nos jours, n'est plus perçue comme étant naturelle... Intemporelle à dire vrai.
Ainsi en est-il je crois bien, de tant de ces lieux privilégiés aujourd'hui colonisés par la mondialisation, la marchandisation, la vulgarité, la banalisation et la médiocrité ambiantes constellées de tous les éclats d'une infinie et extrême mouvance sans avenir.
L'impasse que j'évoque serait une sorte de kaléidoscope à l'intérieur duquel tout peut être vu selon les formes et les couleurs les plus infinies dans leur diversité. Et ce qui me fait « mal aux ailes », outre cette profusion d'éclats et de fulgurances ; c'est la réalité du kaléidoscope lui même : aussi réel qu'une impasse, le kaléidoscope ne présente pas de « fenêtre » de sortie...
LE CAMPING DE VENCE
Camping La Bergerie à Vence, Alpes Maritimes, le 16 mai 2008...
450 emplacements dans ce camping géant! Un sol plutôt caillouteux avec peu d'herbe mais beaucoup d'arbres... Et d'oiseaux!
En ce mois de mai au camping de Vence l'on n'y rencontre que des retraités en caravane ou en camping car. Nous sommes presque seuls Irène et moi à dormir sous une tente.
A l'endroit où nous « siégeons » au 361, entre des cailloux blancs et pointus, gît un mégot... Le bout de clope de Mary-j-Dan venue nous « cueillir » samedi après midi le 10 mai à notre arrivée à la Bergerie.
Trois jours et une nuit de pluie pus tard, ce bout de clope « trônait » encore au même endroit, là où nous nous étions assis...
Je ne suis pas fétichiste au point de récupérer ce mégot et de le ranger « pieusement » dans une petite boîte, ni de le photographier... Il évoquera pour moi cet accueil fantastiquement chaleureux et émouvant de Mary-j-Dan...
DIMANCHE 18 MAI : la route de Vence à Grenoble par Grasse, Castellane, Digne, le col de la haute croix... Des paysages fabuleux. Mais après Sistéron, les Alpes se font moins méditérranéennes.
Comme j'aimerais bien « vivre une vie » dans chacun de ces villages traversés!
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