Annie Girardot

 

... 3 mars 1996 : décès de Marguerite Duras...

... 2 mars (à 1 jour près par rapport au 3 mars) : si je me souviens bien c'est le 2 mars 1991 qu'est mort Serge Gainsbourg...

 

Et 3 mars 2011 : obsèques de Annie Girardot...

 

Gainsbourg, Girardot... 2 grandes figures, 2 grands géants du 20ème siècle !

... Je les aimais...

Marguerite Duras, Edith Piaf, Jacques Brel, Georges Brassens, Lino Ventura, Léo Férré, Jean Ferrat, Coluche... Et tant d'autres...

... Je les aimais...

... Je vous aime...

 

... "Je suis venu te dire que je m'en vais"... (On partira tous)...

 

... Pardon, les obsèques d'Annie Girardot c'est le vendredi 4 mars 2011...

 

Des fois, dans ce monde où il se passe tellement de choses, il arrive que des jours proches sont comme un seul jour...

 

Annie Girardot, quand j'avais 19 ans, elle en avait 35 ! Tous les mecs et toutes les femmes de ma génération du genre quelque peu "rive gauche" ont été impressionnés par cette femme "hors du commun" menant à sa manière dans ses rôles au cinéma (et par sa vie même) des combats essentiels et beaux, et vrais...

Ah putin, qu'elle fût en pantalon, ou en n'importre quoi pour se fringuer, quelle femme, quelle femme !

 

... Il y a 35 000 ans, on disait "le monde des esprits"... Pour l' "au delà"...

Elle est dans le "monde des esprits", Annie... Le monde où tout le monde va, quelque soit sa religion, sa culture, ses idées, ce qu'il a fait ou pas fait dans sa vie...

Dans le monde du cinéma, de son vivant Annie Girardot ne fut considérée que comme une comédienne, une actrice de "2ème zone"... (enfin pas par tous... mais tout de même!)... Et aujourd'hui on l'enterre en "grande pompe de sentiments, de louanges, d'émotion et de reconnaissance" !

Qu'ils aillent se faire foutre !... Mais bon... il y a cette dimension d'humanité faite de simplicité de coeur, de sincérité, de "du fond d'ses tripes", de mansuétude et de compassion pour le genre humain sans aucune compromission, au fond d'Annie en particulier et de bien d'autres gens en général... Qui fait que l'on arrive à pardonner, que l'on arrive à porter un regard qui nous libère du poids énorme de toute cette violence, de toute cette hypocrisie, de toutes ces "suffisances" ostensiblement exprimées des uns et des autres, et de toute cette vanité des choses, de toute cette médiocrité relationnelle... Merci, oui, à ce regard là qui existe, et existera toujours et sera à jamais une force s'opposant à toute forme de désespoir !

 

J'aime mieux "le monde des esprits" que leur putin de paradis, leurs cohortes d'anges à la con et de personnages blancs et vaporeux, leur putin de "vie éternelle" avec les zélus et les pahélus, c'est à dire les c'eus d'un côté qui récurent les chiottes du ciel, et les c'eus d'un autre côté qui bâfrent en compagnie du Père Céleste et de ses sbires bien vus...

Je crois que dans le "monde des esprits" l'on ne s'y emmerde pas comme dans le "poulailler" du paradis où l'on risque d'être assigné derrière une grosse tête qui dépasse et empêche de voir la scène de laquelle en plus on n'entend pas la voix des acteurs...

 

Ainsi, l'être "cesse d'être" (ou plus précisément et plus réellement, cesse de vivre)... Mais ne cesse pas d'exister. La preuve : les gens dont on continue de parler entre nous, dont on lit ce qu'ils ont écrit, dont on voit les films dans lesquels ils ont joué s'ils ont été acteurs ou comédiens, dont on se souvient de tout ce qu'ils ont réalisé dans leur vie, dont la pensée que nous avons d'eux nous porte sur les lieux de leur enfance, de leur vie, auprès de leurs connaissances... Tout cela, oui, c'est l'esprit, et l'esprit est bien "vivant" si l'on peut dire...

On ne devient pas "meilleur" que l'on a été de son vivant, en "entrant dans le monde des esprits", ni pire, ni différent, ni d'une nouvelle dimension d'humanité ou d'autre chose... On y entre tel que l'on fut, tel que l'on demeure, dans un même état sans cesse inachevé. On y entre aussi dans le même aléatoire, l'aléatoire dans lequel on a "traversé la vie", où ce qui n'est pas résolu ne le sera pas "après"...

Le seul changement "vrai" (bien réel) qui s'opère à la mort de l'être, c'est celui de la transformation de la matière qui le compose (corps, tissu cellulaire, organes) en poussière, en éléments désormais inertes...

L'esprit, c'est à dire si l'on veut, ce qui est "immatériel" (énergie, intelligence, pensée... et tout ce qui faisait le "caractère" ou la personnalité) ne change pas, ne se transforme pas, demeure "en l'état", immuable et intemporel...

Le "changement" en fait, celui qui s'opère du "simple" vers le "complexe", de l'enfance vers la maturité et la vieillesse ; ce "changement de soi" auquel on aspire (vers un meilleur possible) et qui s'opère au prix du travail, de l'effort et de la volonté) n'est possible que dans la traversée unique (et non renouvelable) de l'existence.

C'est la raison pour laquelle la "traversée" est une expérience tout à fait exceptionnelle qu'il ne nous ait donné de connaître qu'une seule fois... et dans laquelle nous devons "nous démerder le mieux possible" afin justement d'entrer un jour dans le monde des esprits, dans le meilleur état envisageable et possible de cette transformation opérée durant le temps de la traversée...

 

 

 

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