Le langage dans son "évolution" actuelle
- Par guy sembic
- Le 06/04/2021 à 08:02
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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… Christophe Clavé, diplômé de Sciences Po Paris, enseignant à HEC Paris (Hautes Etudes Commerciales), dans “ baisse du QI – coefficient intellectuel- appauvrissement du langage et ruine de la pensée “ ; met en évidence une réalité inquiétante pour l’avenir et pour l’évolution (ou plus exactement “les évolutions”) de nos sociétés “occidentalisées”…
Un constat alarmant, en effet, cette réalité : l’appauvrissement du langage, du vocabulaire, de la grammaire, et cela, nous le constatons en ce qui concerne la langue française depuis environ déjà 2 générations (parler et écrire)… Mais pas seulement la langue française, en fait toutes les langues et en particulier les langues les plus parlées et les plus écrites dans le monde occidental, à savoir l’anglais, l’allemand, l’espagnol entre autres…
Ainsi l’appauvrissement du langage (parlé et écrit) est-il aujourd’hui généralisé à toute la planète… Et s’accélère-t-il…
Cependant je me pose la question de savoir si, par exemple, dans les langues orientales (Asiatiques dont le Chinois), et pour l’Arabe (l’Arabe littéraire ou régulier, l’Arabe écrit en somme) c’est le même “phénomène évolutif”…
Du temps (en gros tout le 20 ème siècle – quoique déjà moins après la fin des années 1960- ) de l’apogée (si l’on peut dire) de la richesse de la langue française, il y avait aussi, il faut le dire, quelques “novateurs” qui contribuaient à une évolution de la langue – et que d’ailleurs nos académiciens et grammairiens ont pris en compte (mais pas toujours)…
C’est, dis-je, “que lorsque s’ouvre un champ devant nous, avec des pousses et des fleurs nouvelles, l’étonnement vient et l’on s’interroge sur ce que ces pousses et ces fleurs vont apporter à notre regard, à la vision que nous nous faisons du champ qui s’ouvre devant nous”…
Le “problème” en fait de la nouveauté, de la singularité, de la créativité – dans le langage – c’est celui de l’insertion de ce qui est apporté dans ce qui existe déjà et qui est intemporel ; de ce qui est apporté et qui nuance, redéfinit, ajoute, remet en question, colore, et cela dans un “contexte”… Est-ce que l’insertion de ce qui est apporté, de ce qui dénote, surprend, remet en cause ou même peut déranger, se fait dans la cohésion, dans la cohérence ? Sans nuire à la compréhension (ou à l’entendement) mais plutôt en la favorisant cette compréhension ?
Je crains que tout ce qui se pratique en matière aujourd’hui, de “nouveauté” ou de “singularité” ne soit que “des tours de passe passe” , des “effets spéciaux” comme on dit pour des films de cinéma, des supercheries, de l’ esbroufe”…
Je dis que le 20 ème siècle jusqu’à la fin des années 1960, est à l’apogée de la richesse de la langue française… C’est sans doute vrai en partie, mais je n’en suis pas si sûr, je ne suis donc pas aussi “catégorique”… Dans la mesure où les 19ème, 18 ème et 17 ème siècles (le 17 ème “classique”) nous ont laissé des “œuvres immortelles”; où par exemple le langage du 18 ème siècle -certes parlé et écrit dans l’aristocratie et dans la bourgeoisie bien éduquée – se définissait “spirituel, châtié, etc.” … Langages, d’ailleurs, de jadis, jugés “surannés” ou “vieillots”… (je pense que la beauté est intemporelle, que ce soit dans le langage ou dans l’écriture ; que la beauté ne vieillit jamais)…
… Revenons à ce que nous dit, dans son texte, que je reproduis ici, Christophe Clavé :
′′ Le QI moyen de la population mondiale, qui a toujours augmenté de l'après-guerre à la fin des années 90, est en baisse au cours des vingt dernières années...
C’est le retournement de l'effet Flynn.
Il semble que le niveau d'intelligence mesuré par les tests diminue dans les pays les plus développés.
Beaucoup peuvent être les causes de ce phénomène.
L’une d'entre elles pourrait être l'appauvrissement du langage.
Plusieurs études montrent en effet la diminution de la connaissance lexicale et l'appauvrissement de la langue : il ne s'agit pas seulement de la réduction du vocabulaire utilisé, mais aussi des subtilités linguistiques qui permettent d'élaborer et de formuler une pensée complexe.
La disparition progressive des temps (subjonctif, imparfait, formes composées du futur, participant passé) donne lieu à une pensée presque toujours au présent, limitée actuellement : incapable de projections dans le temps.
La simplification des tutos, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont des exemples de ′′ coups mortels ′′ à la précision et à la variété de l'expression.
Juste un exemple : supprimer le mot ′′ jeune fille ′′ (désormais désuet) ne signifie pas seulement abandonner l'esthétique d'un mot, mais aussi promouvoir involontairement l'idée qu'il n'y a pas de phases intermédiaires entre une enfant et une femme.
Moins de mots et moins de verbes conjugués impliquent moins de capacité à exprimer les émotions et moins de possibilités d'élaboration d'une pensée.
Les études ont démontré que la violence dans les sphères publiques et privées provient directement de l'incapacité à décrire ses émotions à travers les mots.
Pas de mots pour construire un raisonnement, la pensée complexe est rendue impossible.
Plus le langage est pauvre, plus la pensée disparaît.
L ' histoire est riche en exemples et de nombreux livres (Georges Orwell - ′′ 1984 "; Ray Bradbury - ′′ Fahrenheit 451 ′′) ont raconté comment tous les régimes totalitaires ont toujours entravé la pensée, par une réduction du nombre et du sens des mots.
S ' il n'y a pas de pensées, il n'y a pas de pensées critiques. Et il n'y a pas de pensée sans voix.
Comment peut-on construire une pensée hypothétique déductive sans conditionnelle ?
Comment peut-on envisager l'avenir sans conjugaison avec l'avenir ?
Comment peut-on capturer une tempête, une succession d'éléments dans le temps, qu'ils soient passés ou futurs, et leur durée relative, sans une langue qui distingue ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait être Être, et ce qui sera après que ce qui aurait pu arriver, est-il vraiment arrivé ?
Chers parents et enseignants : faisons parler, lire et écrire nos enfants, nos élèves. Enseigner et pratiquer la langue sous ses formes les plus différentes. Même si ça semble compliqué. Surtout si c'est compliqué.
Parce que dans cet effort il y a la liberté.
Ceux qui affirment la nécessité de simplifier l'orthographe, de purger la langue de ses ′′ défauts ", d'abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée la complexité, sont les vrais artisans de l'appauvrissement de l'esprit humain.
Il n'y a pas de liberté sans nécessité.
Il n'y a pas de beauté sans la pensée de la beauté "
[Christophe Clavé]
NOTE :
Sans doute d’aucuns trouveront ce texte “trop long” et… “zapperont”… “Zapper”, d’ailleurs, est, sur la Toile – mais pas seulement QUE sur la Toile, un geste, ou un comportement ou une habitude - des plus courants…
Je “vous le dis tout net” : en ce qui me concerne, lorsque je fais défiler la page d’accueil de Facebook, c’est à dire la page générale où apparaissent les publications des uns et des autres, (vos publications mes chers amis), qui, il faut le dire, “cascadent” ou “caracolent”, à tel point que, un quart d’heure plus tard, il en apparaît d’autres et que celles d’il y a cinq minutes seulement sont déjà comme “enterrées” par les suivantes… Je “vous le dit tout net”, je lis “plus spécialement” on va dire, les textes de celles et ceux de mes amis qui “prennent le temps qu’il leur faut pour dire les choses à leur manière” à propos de tel ou tel sujet d’actualité (actualité “brûlante” ou “sensible” en général, et… ou… “encore mieux”… sur une question particulière qui “ne soulève guère trop de lièvres” (mais n’en demeure pas moins “essentielle”)…
Facebook “fait bien les choses” : il connaît mon “profil” et “il se trouve” que ma “liste d’amis” est “assez conforme à mon profil” …
Pour dire vrai, cette liste d’amis n’est pas tout à fait, comme cela peut être le cas avec Twitter cent quarante quatre caractères – ou avec instagram pr exemple – une “liste de followers” …
En effet : “followers… Amis” … Nuance !
Ah, sept boucs et sept boucques qui font quatorze e-books !… Et qui, sur Facebook, avec “écrivains poètes peintres faisons nous connaître” ou “promotion des auteurs inconnus”; aspirent à ce que leur “dernier bébé” fasse “une “petite Une”… J’en ris… Comme peut-être en aurait ri… Le facteur Cheval !
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