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  • La dureté du monde

         Il y a dans la dureté du monde en dépit de sa cruauté et de tout le poids dont elle pèse sur nos existences, une certaine beauté. Cette beauté réside dans la faculté qu’ont les êtres vivants à survivre, s’adapter, évoluer, établir entre eux une relation durable dans un environnement hostile. Qu’elle soit une fatalité ou non, la dureté du monde dans toute sa réalité est une nécessité. Sans elle, il n’y aurait jamais cette espérance si belle et si enthousiasmante d’un avenir meilleur, ni cette capacité qu’ont les êtres vivants à évoluer et à se perpétuer.

     

  • Un passage tout aussi invisible qu'inconcevable

         Une conscience aiguë de l’existence de l’Autre ouvre un espace relationnel différent de celui dans lequel nous vivons habituellement.

    Mais cette conscience de l’existence de l’autre n’est pas innée en nous : elle ne l’est pour ainsi dire jamais…

    Il est plus difficile de l'acquérir, que de réussir ou de construire sa vie.

    Je ne dis pas que la conscience de l’existence de l’Autre fait cette relation meilleure et plus profonde et plus durable à laquelle nous aspirons, mais je suis certain que cette conscience là, serait comme un point lumineux que notre regard parviendrait à percevoir quelque part sur une ligne d'horizon si connue de nous, parcourue de mille cimes et de brumes incandescentes...

    Peut-être, oui peut-être ce point lumineux que notre regard parviendrait à percevoir, révèlerait-il l'existence d'un passage vers un espace que nous n'avons jamais exploré parce que la ligne d'horizon nous le rendait, ce passage, non seulement invisible mais inconcevable...

     

  • Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre

    Au revoir la hautLemaitre

    Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre

     

    Prix Concourt 2013

    Livre de poche, roman, éditions Albin Michel

    620 pages

     

    L'auteur

     

    Pierre Lemaitre est un romancier et un scénariste français né le 19 avril 1951, de parents employés, autant dire "de condition modeste", ce qui déjà à notre époque, le différencie de tant d'autres écrivains issus de milieux aisés...

    Après une formation de psychologue, il accomplit une grande partie de sa carrière dans la formation professionnelle des adultes, par un enseignement qui s'articule sur la communication et sur la culture générale.

    Puis il se consacre à l'écriture en tant que romancier et scénariste et vit de son travail d'écrivain depuis 2006.

    Dans un premier roman "Travail soigné", il rend hommage à ses maîtres.

    Dans un deuxième roman "Robe de marié", il raconte l'histoire de Sophie, une trentenaire démente qui devient une criminelle en série ne se souvenant jamais de ses meurtres. Ce roman est un exercice d'admiration de l'art Hitchcockien...

     

    Au revoir là haut

     

    Publié en Août 2013, marque un important changement dans son oeuvre, en ce sens que Pierre Lemaitre délaisse le genre policier pour signer cette fois un roman "picaresque" (récit sur le mode autobiographique de l'histoire d'un personnage qui vit en marge de la société et à ses dépens).

     

    Rescapés du premier conflit mondial, détruits par une guerre vaine et barbare, Albert et Edouard comprennent rapidement que le pays ne pourra rien faire pour eux. Car la France, qui glorifie ses morts, est impuissante à aider les survivants.

    Abandonnés, condamnés à l'exclusion, les deux amis refusent pourtant de céder à l'amertume ou au découragement. Défiant la société, l'Etat et la morale patriotique, ils imaginent une arnaque d'envergure nationale, d'une audace inouïe et d'un cynisme absolu.

     

    ... Tel est le résumé du livre en 4ème de couverture.

     

    Extraits

     

    Page 40 :

     

    Le lieutenant d'Aulnay-Pradelle, homme décidé, sauvage et primitif, courait sur le champ de bataille en direction des lignes ennemies avec une détermination de taureau. .../...

    Ce n'était pas qu'il fût spécialement héroïque, mais il avait acquis très vite la conviction qu'il ne mourrait pas ici. Il en était certain, cette guerre n'étant pas destinée à le tuer, mais à lui offrir des opportunités.

     

    Page 248 :

     

    Pour Henri (d'Aulnay-Pradelle), le monde se partageait en deux catégories : les bêtes de somme, condamnées à travailler dur, aveuglément, jusqu'au bout, à vivre au jour le jour, et les créatures d'élite à qui tout était dû. A cause de leur "coefficient personnel". Henri adorait cette expression qu'il avait lue un jour dans un rapport militaire, et il l'avait adoptée.

     

    ... Petite reflexion personnelle de ma part : "c'est cette vision du monde que partagent -soit dit en passant- dans une concurrence féroce, bien des gens à notre époque".

     

    Page 419 :

     

    .../... On inhumait des milliers de soldats français dans des cercueils trop petits. .../... Pour les faire entrer, il fallait briser des nuques, scier des pieds, casser des chevilles.../... le personnel en était réduit à fracasser les os du tranchant de la pelle.../... il n'était pas rare qu'on ne puisse faire tenir les restes des hommes trop grands dans ces cercueils trop petits, qu'on y entassait alors ce qu'on pouvait et qu'on déversait les surplus dans un cercueil servant de poubelle, qu'une fois plein on refermait avec la mention "soldat non identifié"...

     

    Page 519 :

     

    .../... Les cercueils trop petits, le personnel incompétant, avide.../... Et la difficulté de la tache aussi ! .../... Des Boches dans des sépultures françaises, des cercueils remplis de terre, des petits trafics sur place, il y avait eu des rapports, il avait cru bien faire en proposant un peu d'argent au fonctionnaire, une maladresse bien sûr, mais enfin...

     

    Mon avis

     

    Il ne nous vient pas à l'idée lors de la visite d'un cimetière des morts de la Grande Guerre, qu'en dessous de la croix blanche sur laquelle est gravé le nom du soldat mort pour la France, avec son année de naissance, l'année de sa mort et son numéro matricule... Qu'en dessous dans la terre, il n'y a... rien d'autre que de la terre, ou des restes qui ne sont pas ceux du soldat dont on lit le nom sur la plaque...

    Cette arnaque d'une envergure nationale, d'une audace inouïe et d'un cynisme absolu, qui consiste en gros, en la vente sur catalogue de monuments aux morts, des monuments dessinés par Edouard, un type défiguré sans mâchoire inférieure, sans langue et dont on voit la gorge ouverte et béante bordée de bourrelets de chair, qui fume des cigarettes par une narine et ne peut absorber que de la nourriture liquéfiée par un tuyau enfoncé dans l'oesophage... Et qui porte des masques qu'il se fabrique lui-même... Cette arnaque donc, imaginée par Edouard et par son ami Albert, n'est pas plus scandaleuse, plus cynique, que tous ces trafics de sépultures organisés par des gens tels que ce lieutenant Henri d'Aulnay-Pradelle et que ces personnages haut placés dans les ministères, impliqués dans ces trafics et ayant gagné beaucoup d'argent...

    Nous sommes là, avec ce livre, dans un récit cruel et sombre mais surtout dans une réalité qui a été méconnue...

    Une réalité soit dit en passant, que la société, que l'Etat, de nos jours comme il y a cent ans juste après cette guerre de 14-18, recouvrent d'une chape d'hypocrisie, de mensonges et de morale consensuelle.

    Cette réalité c'est bien, encore et toujours, celle de tous ces trafics, de toutes ces arnaques qui s'organisent à grande échelle autour de nos besoins, de nos rêves, de nos aspirations, dans les domaines de l'alimentation, de la culture, des loisirs, autour de tout ce qui fait partie de notre vie, auquel on tient, auquel on est attaché et qui est exploité avec le plus grand cynisme, par des personnages qui profitent et décident...

     

     

  • "Tout bon livre est un attentat" (Marcel Jouhandeau)

         Quand on pense à tous les livres qui ne sont pas forcément des "mauvais livres" (mais qui n'en sont pas non plus des "bons" selon Marcel Jouhandeau), il y a vraiment très peu d' "attentats" en ce monde ! Et cela est d'autant plus paradoxal quand on pense à la violence du monde, à tout ce qui est perpétré, commis, contre l'Homme, contre la Nature... et qui constitue une suite ininterrompue d'attentats...

    Si les "attentats" que sont les "bons livres" avaient un peu plus de répercussion, davantage de retombées et d'effets collatéraux heureux... Est ce que le monde se porterait mieux ? Oui, mais sans pour autant être meilleur...

    Si un monde meilleur est à rêver, à imaginer, à souhaiter... Il n'est pas pour autant un "monde modèle", tel par exemple, que ce jardin d'Eden de la Bible, dans lequel nous serions tous béats sous le sourire de Dieu dans une félicité dont nous n'aurions aucunement conscience. C'est pour cela que je dis que le "Péché" aurait été qu'Eve ne croquât point la pomme... Il a donc "mieux valu" qu'Eve croquât la pomme, c'est d'ailleurs (et cela devrait être) ce que selon les Croyants, Dieu dans sa sagesse avait prévu... Ou que la Nature, "l'ordre du cosmos" pour ainsi dire, a conçu par les lois et par les principes qui gouvernent l'univers...

    Un "bon livre" en définitive, c'est un "attentat" au même titre que le coup de dent d'Eve dans la pomme...

    Un livre qui raconte une jolie et émouvante histoire dans une langue savoureuse, c'est comme un billet de la française des jeux qui fait gagner un moment de rêve, mais n'attente en aucune façon à ce qui en soi et autour de soi perpètre déjà un attentat d'indifférence, un attentat d'hypocrisie, un attentat d'attentisme, un attentat de contentement de soi et des choses, un attentat d'égoïsme... Enfin toutes sortes d'attentats que seuls, les livres-attentats sont capables de réduire.

     

  • Le rocher de Sisiphe

         “Les dieux avaient condamné Sisiphe à rouler sans cesse un rocher jusqu'au sommet d'une montagne d'où la pierre retombait par son propre poids. Ils avaient pensé avec quelque raison qu'il n'est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir”...

                                                            [ Albert Camus ]

     

    ... Je pense à ce rocher de Sisiphe, sans doute quelque énorme bloc de pierre plus ou moins sphérique, qui sans cesse poussé tout au long d'une pente abrupte n'en finit pas, chaque mètre gagné, de glisser en arrière, retenu par les bras tendus de ce Sisiphe qu'au fond nous sommes tous, chacun de nous, d'une manière ou d'une autre en fonction de nos aspirations et des moyens que nous nous donnons...

    Et par une sorte de "miracle" -mais le "miracle" en fait n'en est point un, puisque c'est nous qui le faisons le miracle, par la volonté et l'énergie qui nous animent- après tant et tant de "reculades" du rocher, mètre après mètre, pas après pas, voilà-t-il pas que le rocher parvient à s'immobiliser au sommet de la montagne... (Enfin c'est ce qui parfois arrive, finit par arriver...)

    Mais... Peine perdue, le rocher oscille, et, ayant de justesse évité l'écrasement en nous écartant, le rocher dégringole le long de la pente, jusqu'en bas... Et tout est à recommencer.

    Je ne suis pas Sisiphe... Je ne sais pas si mon "travail" est inutile et sans espoir. Je sais seulement que je roule le rocher et que je ne considère pas comme une "punition" ni comme une "vocation", le fait de voir sans arrêt le rocher reculer de deux mètres chaque fois que je l'avance d'un mètre... Simplement, si d'aventure par cette sorte de "miracle", de "miracle qui n'en est point un", je parviens à hisser le rocher au sommet, ou en quelque lieu élevé que je crois être le sommet... Et que, d'un seul coup le rocher se met à dégringoler jusqu'en bas, alors je suis comme on dit "sonné"!... Et un moment sans force...

    Ce serait, en somme, cette histoire de "rocher de Sisiphe", non pas une "punition" qui nous serait imposée, non pas, non plus, une "vocation" à porter au devant de soi ce meilleur de nous-mêmes dans l'énergie et dans la volonté qui nous anime... Quelle est, soit dit en passant, la "finalité", quel est le "sens", de toute "vocation" ?... Ce serait, en somme, cette histoire de "rocher de Sisiphe", ce qu'il y a, au fond, de "plus heureux" qu'il ait été donné à l'Homme, et, sans doute, à tous les êtres vivants...

    Au sommet, si la vie s'immobilise, il n'y a au dessus, que le ciel, mais la vie s'arrête...

    Tout au long de la pente abrupte, la vie a aussi le ciel au dessus d'elle, mais la vie ne s'arrête jamais puisqu'elle est mouvement dans l'un ou l'autre des deux sens de la pente ; atteignant parfois quelque sommet soit dit en passant "toujours hypothétique", et dégringolant d'un seul coup alors, entraînée brutalement dans sa chute mais ce n'est point la fin pour autant...

     

     

  • Que dire d'une oeuvre littéraire ?

         Une "oeuvre littéraire" à mon sens, n'est pas un espace d'expression, même de très libre, de très authentique expression, dans lequel on "se met en avant et s'expose" tout comme on le fait par exemple sur Facebook, sur un blog où l'on se produit...

    Tout ce que l'on écrit et qui s'apparente à une "exposition de soi à tout vent", n'a pas vocation à porter l'étiquette d' "oeuvre littéraire", tel tout ce qui est produit, diffusé "dans le détail" au vu et au su de tout le monde, dans sa propre famille, parmi ses proches, ses amis, ses connaissances... Certaines anecdotes peut-être, mais pas d'autres...

    Je pense que dans "une oeuvre littéraire" il y entre autant de "du fond de ses tripes" (pardonnez moi ce "vocable" assez vulgaire) que... de la gravité, du sens, une part d'humilité, une part de discrétion, une part de sobriété, une part d'engagement aussi, et si possible une part d'humour, et encore une part de dérision, tout cela, oui tout cela en même temps et d'un seul bloc, d'un seul tenant...

    Verser dans "l'auto fiction plus ou moins sinon nettement autobiographique" oui, cela me semble "faisable" (Houellebecq, Duteurtre, Clavel, Gide, Proust, Mauriac, et quelque autres écrivains contemporains s'y sont employés avec beaucoup de talent et ont eu mille fois raison de le faire)... Mais à mon avis le genre littéraire autobiographique (fictif ou franchement autobiographique) est assurément le genre le plus difficile en littérature... Car, dès que l'on commence -sciemment ou "à son insu/c'est plus fort que soi" – à "se mettre en avant et à s'exposer" (en usant de petites anecdotes avec détails particuliers tout à fait personnels et en en rajoutant encore)... alors on dérive, on fait dans le voyeurisme voire dans une certaine satisfaction de soi, un "cocorico" qui indispose il faut le reconnaître, à juste titre)...

     

    ... C'est vrai que dès fois, on a tendance -si l'on "s'écoute"- à "se lâcher" ! (rire)... Reste à savoir où et quand et comment et avec qui, on peut "se lâcher" !

    ... Mais comme je dis "Un jour tu verras... "

    "Un jour tu verras"... Ce qui pouvait être compris, reconnu, mais ne l'avait point été sans doute à cause de la manière dans laquelle cela avait été formulé... Sans doute aussi à cause de quelque malentendu... Apparaîtra enfin sous son vrai jour, dans une autre résonance...

     

  • Les champignons et les palombières ne font pas bon ménage

    ... Honte à ces deux chasseurs qui, vendredi dernier le 16 octobre, dans la forêt d'Ustaritz, ont agressé, molesté à coups de bâton sur la tête, une femme à terre renversée par l'un de ces deux chasseurs. Cette femme recherchait des champignons et n'a point vu un panneau indiquant la proximité d'une palombière...

    Cet acte odieux, car cette femme a été littéralement tabassée à terre, comme bien d'autres agressions autres que seulement verbales devenues habituelles, de plus en plus fréquentes de nos jours où l'on ne respecte plus rien, où l'on s'énerve, bouscule, agresse pour un rien, un "pèt de travers" on va dire... Cet acte odieux s'inscrit bien, hélas, dans "l'air du temps", un "air" devenu irrespirable, puant la haine, puant la violence, puant l'outrecuidance, puant d'un égoïsme forcené... Plus personne ou presque ne supporte quoi que ce soit qui le dérange, cela devient hallucinant et surtout angoissant, et l'on ne sait plus comment porter un regard, un simple regard sur une personne qui passe à proximité... D'ailleurs en vérité on ne regarde plus personne nulle part, dans la rue, dans un lieu public...

    Je suis atterré de vivre dans ce monde quotidien de violence, de haine, de rejet de l'Autre, ou au moins pire, d'indifférence absolue (quoique l'indifférence soit aussi, plus ou moins exprimée consciemment, une forme de violence)...

    Cependant -et c'est en fait là où je veux en venir- il existe bel et bien, dans ce monde quotidien où l'on vit, où l'on va chercher son pain le matin, où l'on mène ses enfants à l'école, où l'on parle avec son voisin, enfin partout dans la rue, dans un lieu public où l'on rencontre et parle avec des gens... Il existe bel et bien le contraire de cette violence, le contraire de tous ces comportements, paroles et gestes agressifs ! Eh oui, la gentillesse, ça existe et ça se manifeste, et ça n'a pas d'âge, pas de "catégorie sociale" ! Seulement voilà, on n'en parle jamais ou si peu, ça fait pas la Une des Médias autant que tout ce qui pue, autant que tout ce qu'on dénonce à juste titre, autant que tous ces faits divers de violence, d'agressions, de comportements odieux !

     

    ... Ce qui "ne fait pas bon ménage" non plus -il faut le reconnaître- c'est :

     

    -Son petit univers (son petit monde) personnel (culture, sensibilité, engouements, attirances, valeurs auxquelles on est attaché ou bien auxquelles on est conditionné par l'environnement social, familial dont on dépend) soit dit en passant ce "petit univers" on le voit toujours "très grand" ...

    -Et... l'univers, le "petit univers" (qui lui aussi s'affirme "très grand") de l'Autre lorsque notamment cet "Autre" est bien différent de nous sur bien des domaines (dont les domaines évidemment, "les plus sensibles" -sur les "sujets qui fâchent ou séparent-)...

    Or dans le monde présent, tout est exacerbé, le moindre fait divers faisant débat difficile et houleux et générant des antagonismes est mis en avant médiatiquement, comme si c'était un grand fait d'actualité ; tout le monde s'étripe pour un oui pour un non, ça devient invivable, ingérable quand ça ne te pète pas, en plus, la santé ! Avec toutes ces susceptibilités qu'il faut essayer de ménager et qu'on a justement pas envie du tout de ménager, avec toutes ces frustrations, ces jalousies, ces petites haines couvées en soi...

    Tout ça m'interroge et me suscite, m'inspire des réflexions graves... J'entrevois bien "une philosophie" (une pensée) en réponse à tout ça... Mais c'est comme une sorte d'ailleurs qui s'ouvrirait très loin au delà d'un horizon, l'horizon d'un paysage dans lequel il faut habiter, vivre, se déplacer... "Faire en fonction de ce paysage" c'est bien là la contrainte, l'indépassable ! Bien sûr il y a la possibilité du "message" à transmettre, à exprimer (c'est ce que j'essaye de faire)... Mais quelle est au fond la "vraie valeur du message"? Le message lui-même a-t-il une valeur ? Pour qui, pour quoi, dans quelle finalité ? ... Puisque déjà, il faut "accepter l'Autre tel qu'il est"... à défaut de l'aimer... Accepter, oui, mais sans se compromettre ni "baisser le pantalon" ! Accepter et être fort, avoir la bonté mais l'intransigeance, l'intégrité, aussi, en soi...

    ... Il y aurait à mon sens, dans le monde, dans la société, dans notre mode de vie actuels ; un lien entre la violence de ce monde, de cette société ; et la violence des faits divers et des accidents qui se produisent, une violence qui serait la résultante d'un nombre indéterminé de toutes sortes de comportements tous plus ou moins autant les uns que les autres, "accidentogènes".

    Il n'y a que cette "paix des hommes de bonne volonté" (et d'une "certaine sagesse") qui, lorsqu'elle irradie autour d'elle et se fait "créatrice d'une atmosphère de relation heureuse", peut réduire cette violence du monde si présente, si générale au quotidien, si "accidentogène"...

     

     

  • Le jardin des âmes

    Jardin des ames

    ... S'il en était ainsi de nos cimetières de France, comme dans ce jardin des âmes d'un village Norvégien, alors opterais-je pour une pierre fichée en terre venue du ciel telle une météorite...

    Je vois dans tous les cimetières de France et de la plupart des pays d'Europe de tradition catholique (sans doute moins dans les pays de tradition protestante)... Ces fiers monuments, ces sortes de "grands lits de marbre" ou de "grandes demeures ouvragées", qu'une fois l'an l'on fleurit de chrysanthèmes... mais aussi ces familles déchirées à cause de ce qu'il reste du patrimoine du défunt, ces familles dispersées aux quatre coins de la Terre, ces familles interrompues devenues des troncs d'arbre dépourvus de branches... Et ces monuments d'un siècle précédent tels de gros livres de pierre à la couverture brisée, à demi enfoncés dans la terre...

    Je vois cependant aussi et surtout dans tous les cimetières de France et d'ailleurs, non plus les fiers monuments, non plus les familles déchirées, non plus les familles dispersées, non plus les familles interrompues... Mais ces êtres dont j'imagine la vie qui fut la leur, pour la plupart d'entre eux que je n'ai jamais rencontrés, ces êtres qui furent "tout seuls dans leur peau jusqu'à la fin de leurs jours", dont on a dit "ah il était ceci/il était cela..."

     

     

  • Téterre

    Teterre

    ... Téterre, je te vois petit oiseau dans le grand ciel de l'univers

  • Le paysage de la France envahi par les ZAC et les ZI

         Traversant trois fois dans l'année, aller retour, la France de la région Lorraine jusqu'en région aquitaine, je constate que depuis quelques années les ZAC, ZI et autres zones péri-urbaines des grandes villes mais aussi des villes "moyennes" voire "gros bourgs" ; prennent de plus en plus d'extension. L'on voit, de mois en mois, sans cesse, de nouvelles enseignes, Grandes Surfaces alimentation, loisirs, électro ménager, bricolage, ameublement, grands garages de voitures, jardinage, restauration (fast food, chinois, indien etc. ), vêtements, chaussures, Leroy Merlin, et autres "Géants" de la "Consommation de masse" ...

    C'est "assez impressionnant" tout cela, dans le paysage Français, sur des kilomètres, à perte de vue, avec je ne sais combien de voies d'accés, de ronds points, de parkings, à tel point que malgré la profusion de panneaux indicateurs, l'on s'y perd dans ces enchevêtrements, ces passages, ces contournements...

    Ce vendredi 16 octobre 2015, me rendant des Vosges jusque dans les Landes, empruntant le même trajet de près de mille kilomètres que les autres fois précédentes ; à la vue de toutes ces ZAC, ZI etc., je me disais qu'un pays tel que la France, en complète désindustrialisation, avec pas loin de 4 millions de chômeurs, où l'emploi salarié à temps complet (et durable) tend à disparaître puisque dans l'artisanat, les PME, les petites entreprises, la fonction publique, les administrations, la police, l'armée, l'école, l'hôpital... L'embauche est en perte de vitesse... Je me disais donc qu'un pays tel que la France "embauche" en fait pour plus de 50% si ce n'est 60%, dans les emplois générés par la consommation de masse... En effet, le plus "gros bataillon"de salariés dans ce pays, la France, est constitué de tous ces gens qui travaillent à temps partiel, une vingtaine d'heures par semaine, parfois beaucoup moins (juste un week end, certains soirs, certains jours) avec des contrats quelquefois de 3 heures par semaine, des contrats de très courte durée... De gens qui travaillent donc, dans ces secteurs marchands, de services, de boutiques, de grandes enseignes, de restauration, dans cet "univers" de la "consommation de masse"...

    Le seul "univers" en France, à employer autant de monde, mais à temps partiel et avec des contrats de courte durée... Cela représente des millions de gens ! Comme s'il n'y avait que dans "ça" (la consommation de masse) qu'on pouvait trouver encore du travail ! Un travail bien sûr précaire pour ne pas dire ultra précaire et qui fait les millions de pauvres, qui eux, ne participent que très peu (parfois pas du tout), à la consommation ! Autant dire des millions de "sous-emplois" à moins de 600 euro par mois !

    La "consommation de masse" tous produits et services marchands confondus, c'est -pour appeler un chat un chat- "on bouffe de la merde/on vit avec du toc" d'une part ; "on est payé au lance-pierre quand on bosse là dedans" d'autre part !

     

     

  • Il m'est venu en songe ...

         Il m’est venu en songe une Bible et un Coran qui disaient par la voix de quelque prophète :

    "Tu laisseras parler les poètes, les écrivains et les penseurs ; tu ne tueras que si tu es directement menacé dans ta vie et dans ta liberté »…

    Mais les poètes, les écrivains, les penseurs, les artistes ; dans une Bible et dans un Coran que les soldats de la Foi portent comme un étendard, seraient des imposteurs, des illusionistes, des déformateurs de la Vérité Eternelle... Ils seraient donc "la voix du Malin " qui cherche à perdre les hommes et les femmes de ce monde...

    Et les soldats de la Foi tuent alors qu'il est écrit "tu ne tueras point"...

     

    Je me suis éveillé et j’ai aimé ce Coran, cette Bible, qui disaient "tu laisseras parler les poètes…"

    Je me suis éveillé et j'ai détesté ce Coran, cette Bible qui parlaient d'un Dieu vengeur et tueur...

     

    Ce « Malin » dont parlent les Chrétiens et les Musulmans, ne serait-il pas Celui qui, par la violence de toute forme de persuasion et de contrainte, par la peur qu’il inspire d’un enfer ; ou par la douceur angélique d’un visage ouvert sur un monde « meilleur » ; par d’incessantes dîmes ou une adhésion à quelque communauté rejetant le Monde ; voudrait à tout prix « faire le bonheur de l’homme » contre la volonté de l’homme?

    Je suis éveillé et je n’aime pas l’Ecriture qui brandit le Salut tel un étendard derrière lequel il faut courir, suer, saigner et souffrir tous en chœur et enchaînés… Si je suis « sauvé » par la persuasion, la force, la crainte, l’observance de rites et de modes et la contrainte, alors je sais déjà que je suis perdu…

     

    ... Il est certain que pour des soldats de la Foi éradiqueurs de toute forme d'Art, d'écriture et de pensée, niant, rejetant, détruisant, effaçant toute trace de forme d'Art, d'écriture et de pensée qui n'est pas une œuvre à la gloire de Dieu, qui ne célèbre pas Dieu et sa seule et unique vérité... Il est certain que pour ces soldats de la Foi, de la Charia ou de la Loi de Dieu, nos kilomètres de blogs et de pages de facebook d'internautes, participent avec tous les écrivains et les poètes... Et avec Michel Houellebecq, Albert Camus, Benoît Duteurtre, Frédéric Beigbeder, Michel Onfray, Louis Ferdinand Céline, John Fante, Pablo Picasso, les peintres impressionnistes, Arthur Rimbaud- pour ne citer que ceux là parmi tant d'autres artistes et créateurs- à la "voix du Malin" qui éloigne les hommes et les femmes de ce monde en les détournant du seul vrai Dieu qui est tout l'Art, toute l'Ecriture, toute l'Oeuvre à lui tout seul...

    Mais n'oublions pas non plus, prenons en conscience... Que les soldats de la Foi de tous temps passés et présents, ont aussi sur toutes les terres, sur tous les lieux où ils sont implantés, des hordes de gens qui les accompagnent, des hordes de suiveurs qui pensent comme eux, que Dieu Tout Puissant est la seule Œuvre sur Terre et qui sont prêts à "autodafer" sur la place publique des millions de livres, à piétiner des œuvres d'art (cela s'est déjà fait, cela se fera encore, on immolera des Galilée, on jettera au feu des livres déclarés impies)...

    Et les soldats de la Foi et leurs hordes à leurs semelles, qui n'ont rien compris à Dieu ; les œuvres des hommes en cendres et en poussières, les centaines de millions de morts des guerres de religion qui furent aussi et surtout des guerres de domination, de conquêtes, de vols de terres et de richesses... C'est tout cela que Dieu voit, et l'étendard du Salut brandi par les chefs de guerre sainte, l'étendard du Salut derrière lequel il faut courir, suer, saigner, souffrir et être enchaînés...

    "Sauvés" que nous serions par la force, par la crainte, par l'observance des rites et des contraintes, par la censure, par toute forme de charia ou de Loi Divine se substituant aux tribunaux et aux lois civiles, nous serions à vrai dire tous perdus à jamais...

     

  • "To pérokète/to pérokète" ...

    Les réveillons de Noël et du Jour de l'An, les « pendaisons de crémaillères », les mariages, les anniversaires et les fêtes, et généralement la plupart des réunions festives entre familles, amis et connaissances pour « célébrer » tel ou tel événement heureux... C'est bien beau, bien sympa mais... Bonané, bonané, bonané !... Bonaniversair/bonefète... Perroquette-t-on le verre de champ’ou de Martini à la main !

    Et que j’te bizuque, et que tu me bizuques… ça tue pas la solitude, on se regarde on se plaît, ah que c’est bon, ah que c’est chouette, de se serrer très fort… Mais qu’en sera-t-il demain de nos émois de ce soir, toi en petite robe chic, et moi en turlututu chapeau pointu me retenant de roter ?

    Ton vieux voisin passe la soirée tout seul devant sa télé et le SDF d’Intermarché s’est tapé un magnum de Blanc avec les sous des « Bonnes Ames »…

    Bonané, bonané, bonané… Bonaniversair/bonefète... Beau Kaka oui ! Beaux glaouis, beaux soussous, bon couscous, beau manteau belle et longue écharpe blanche et bajoues députaines…

    Sylvie, Irène, Isabelle, Sophie, Géraldine, Marie Céline, Fleur, Aline, Ingrid, Edith, Marine, Delphine, Elisabeth... Bien trop jolis prénoms féminins pour être tout seul un soir de fête ! Et dire qu’il y a des mecs qui, fête ou pas fête, rotent à table à côté de leur nana !

    To pérokète/to pérokète, to festoi, to congratule, to amuze, to cocoricohète, to bizuque-et peutèt' to bèzera... T'en fé pa, le Sirien/l'Irakien/l'Afgan cé pa ché toi qui viendra ni ché ton pote... Tu peu la fère ta crémayère... trankil/jouax/shootang... La p'tit' fatma le pt'it Ali qu'avè un boulo la ba en Siri/en Irak y sav'bien k'sé pa ché toua dan ton bled malgré les alocs ki von pouvoir refèr leur vi, y von alé pluto là où y'a mieu à fèr pour eu !

    To peu la fèr trankil ta créma, ton bourico-à-versèr, ta méga fète, ta soiré pot'/potesses... y viendra pas te fèr chié le SdF d'intermarché, la vielle Célestine de 95 balé k'a glissé sur son chosson é s'è kacé le col du fémur dans sa cahute à troi plomb' du mat ! Ni le Sirien ky viendra pas dan ton bled ! É tu poura zieuté le flop ten d'on é pa couché tiouté les mo ver de léa de Yan de Loran su ton smartfone, é te morfalé de pidza, te camé avec té pote, avan d'étindr' la Tu-es-laid paske l'écrivin invité de Loran k'a pondu un liv' iconoklast ça te bassine é t'en a rien à fout' ! Demin su fasbouc y'ora la vidéo de ta créma/ de ton bourico-à-versère ki pèt'ra deusssan foi su lé p'tit zécran de té pote !

    Mè putin... Je t'en veu pa, mon pote ma potesse de tou ça keu je di... O fon, t'a gobé tou ça de la sauce-y-était-des-kon-ki-son-en-sion, du soustème... Moi je di le poète, avec un keur gran come un cosmos mon vocabulère à la con mé idé de goche kon culbuté dan zun noman's land anarchiste...

    Je t'en veu pa coricotéheuheur su fasbouc, morfaleur de pidza ki pèt' on va dire pa expré devan ta nana en touitan lé mo ver de Yan... Je t'en veu pa Loran, léa, Yan, é toute la clique dé jan de Télé, de pipol et d'internèt... Je t'en veu pa Nadine é Marine é franssoi é Manuel... Je t'en veu pa keu t'è une caskète de traviole ou keu tu soi bardé de piercings... ou que tu soi un intelo inbuvable ou keu tu rote dan le couscous koikeu y'a oci dé intélo ki rote dan le couscous...

    Je t'en veu pa, je t'en veu pa... é même... o fon je vè te dire :

    Je t'ème...

    Si on se retrouvè sur une planète encore plu sélérate que Téterre, toi et moi, devan une sorte d'arigné jéante avec dé mandibule longue comme dé bra de gru... é k'on arivè a échapé a l'arigné, é bien o lieu de penser keu je pourè partir tou seul de mon coté, je tayerè la route avec toi é je te lèsserè pa tombé si une otre arigné (peutèt' un peu moin groce) venè te chatouillé lé couille (ou la mouyète si t'étè une fame).

     

  • ... Mais qu'est ce qu'un intellectuel qui s'ignore ?

    … Si j'étais punaise, je passerais ma journée à baiser entre deux rides sur une madeleine de Proust trempée dans une tasse de thé, avant que ne s'effacent les rides sur la madeleine...

    Tout le monde a entendu parler de la madeleine de Proust... Et de la princesse de Clèves...

    Chacun d'entre nous est donc un intellectuel qui s'ignore, à l'exception peut-être des intellectuels des Ecoles et des Feux de la Rampe lorsque ces intellectuels taisent en eux ce qui ferait d'eux des intellectuels qui s'ignorent...

     

     

    ... Mais qu'est ce qu'un "intellectuel qui s'ignore" ?

     

    ... Je pense que nos hommes (et femmes) politiques -et quelques autres, dont pas mal d'intellectuels des Ecoles et d'intellectuels des Feux de la Rampe- ne cherchent pas à "taire en eux l'intellectuel qui s'ignore qu'ils pourraient être"... En fait il n'y a pas en eux, un "intellectuel qui s'ignore" mais un "intellectuel" qui est un intellectuel au sens "du sens du monde" (et qui fait partie de la "caste des intellectuels" qui n'ont jamais eu en eux, ce qu'une personne "ordinaire" (qui n'est pas de l'Ecole ni des Feux de la Rampe) peut avoir d'intellectuel en elle depuis son enfance...

    D'où une "autre définition" de l'intellectuel : celle qui pour moi (et je ne suis pas le seul à le penser) prévaut et fait référence : l'intelligence du cœur, de l'esprit... Par exemple Fernande ou Raymonde femme de ménage à temps partiel, qui n'a pas le niveau d'un certificat d'études, qui a quitté l'école à 14 ans ou à 16 ans... et qui a un cœur "grand comme un cosmos", qui est une personne dévouée corps et âme vis à vis de ses proches, parents, enfants, voisins, amis etc. ... Et qui de surcroît "ne prend pas des vessies pour des lanternes" et s'exprime dans un langage simple mais empli de bon sens... Eh bien cette personne là est " d'une aristocratie du cœur et de l'esprit" (autrement dit un intellectuel qui s'ignore mais un intellectuel quand même)...

    En revanche, tous ces gens de télévision, tous ces cadors bardés de références et de culture du Temps, tous ces journalistes sortis des grandes écoles qui font la pluie et le beau temps sur les réseaux sociaux, qui formatent l'opinion... Ce sont des "Crétinibus Intellectibus" !

    Merde à eux! ... Mais comme je dis, sur une planète encore plus scélérate que Téterre, exilé que je me trouverais avec l'un d'entre eux, de ces gens, je ne "taillerais pas pour autant tout seul la route" car une solitude absolue et définitive serait pour moi "le dernier choix possible" à faire, exactement comme le cosmonaute naufragé tout seul dans sa capsule de survie... (le naufragé là, il n'a aucune chance de "transmettre" quelque chose)...

    Bien sûr, en face de "l'araignée géante avec des mandibules grandes comme des bras de grue", sur la planète scélérate, je n'ai, non plus, aucune, absolument aucune chance de transmettre quoi que ce soit... A part peut-être la possibilité d'être emporté puis dévoré ensuite... avant mon "compagnon d'exil" qui lui, "gagnerait" peut-être une heure ou deux de vie ou même seulement dix minutes... et, durant ce temps si bref, le "compagnon d'exil" découvrirait -peut-être- qu'il est "un intellectuel qui s'ignore" (dans le sens de ce que j'entends par "intellectuel")... Dans ce cas, "quelque chose aurait été transmis" par le fait que j'aurais fait le choix bien manifeste de me laisser prendre le premier par l'araignée géante... comme si j'espérais ainsi "sauver" mon compagnon d'exil (qui aurait été sur la planète d'où l'on vient, la Terre, un "intellectuel imbuvable et arrogant, que forcément j'aurais détesté)...

    Bien sûr... De ce que je dis là, rien n'est moins sûr...

    Mais si la certitude existait, de pouvoir "transmettre" (le message, ce que l'on porte en soi) s'il suffisait de faire l'effort qu'il faut pour réussir, "ça se saurait" depuis avant Néanderthal !

    Ainsi "Dieu" (ce que je désigne ou entend par "Dieu") "aurait bien fait les choses" au fond... De ne pas nous avoir donné la certitude, le "bon résultat bien mérité" ... Est ce que ça aurait eu du sens si "Dieu" avait fait les choses autrement, c'est à dire en mettant le "jak pot" au bout de mille, dix mille coups de manivelle ?

    Il y a "tout un sens" dans le caractère aléatoire des choses... Je crois que c'est le seul sens possible, dans "l'ordre du cosmos"...

     

     

  • La guerre de Syrie entre dans une phase critique

         Le seul point relativement "positif" -si l'on peut dire- (et remarquez les guillemets à positif)... C'est qu'avec l'intervention des armées Russes dans le nord de la Syrie, l'Etat Islamique va devoir céder du terrain, soit le terrain qu'il occupe en Syrie ; pour se replier en Irak... En Irak où les Russes n'interviennent pas... En Irak, où l'Etat Ismamique n'est combattu au sol sur des fronts et sur des positions, que par les Kurdes et par l'armée Irakienne...

    A noter cependant que l'Etat Islamique est et demeurera encore en dépit de l'intervention russe, toujours aussi difficile à faire sortir de Syrie puisqu'il maintient à l'heure actuelle ses positions en Syrie...

    Les Kurdes soit dit en passant, qui aspirent depuis des dizaines d'années, à un Etat, un vrai état avec des frontières, tout comme les Palestiniens qui aspirent à un Etat... Les Kurdes de Turquie, qui "causent tant de souci" au Gouvernement Turc d' Erdogan, et que Erdogan combat... Et, combattant les Kurdes dans son pays, ces Kurdes qui résistent, Erdogan combat donc des ennemis de l'Etat Islamique... (à se demander d'ailleurs si au fond, sans surtout le déclarer ouvertement) il ne souhaiterait pas, Erdogan, que l'armée de l'Etat Islamique inflige une défaite aux combattants Kurdes...

    L'intervention des armées Russes en Syrie, c'est la certitude qu'en peu de temps, tout ce qui, dans le territoire occupé par l'EI (mais pas seulement) – en gros dans la partie nord de la Syrie- tout ce qui "tenait encore à peu près debout" sera complètement rasé... Ces régions sont déjà un champ de ruines, alors, avec les bombardements russes en plus de ceux de l'aviation Syrienne de Bachar, tout sera vitrifié, lunaire, criblé de cratères et il ne restera plus rien de vivant ni être humain ni animal...

    Le résultat -à peu près certain à court terme- de l'entrée de l'armée Russe en Syrie, c'est que l'accès à la Méditerranée par une présence militaire Russe négociée avec Bachar El Hassad sera l'objectif atteint (et maintenable durablement) par la Russie de Poutine... Il faut dire à ce sujet que, depuis le 17 ème siècle, la Russie des Tsars, puis la Russie des Soviets et aujourd'hui la Russie de Poutine, ont toujours eu des vues sur un accès en Méditerranée orientale et cela non seulement pour des raisons stratégiques mais aussi et surtout pour des raisons économiques.

    Du temps de l'empire Ottoman, le seul accès maritime possible était la mer Noire, encore fallait-il avoir accès au détroit du Bosphore...

    Or un accès à la Méditerranée orientale pour la Russie, cela contrarie les USA et l'Europe de l'OTAN étant donné les intérêts économiques en jeu. Sans compter l'influence accrue, politiquement et stratégiquement parlant, de la Russie au Moyen Orient...

    D'autre part les marchands d'armes n'on jamais été si florissants, et les budgets militaires en particulier de la Russie et de la Chine, ne cessent de prendre de l'importance alors qu'en Europe ils sont en diminution sauf en France et en Angleterre...

    La guerre de Syrie, le désastre Lybien, le Sahel Africain avec les groupes Islamistes, les Sunnites contre les Chiites, le Yemen, l'Irak... Sans oublier les Talibans en Afghanistan, les camps de millions de réfugiés, les flots ininterrompus de migrants venus de toutes ces régions à feu et à sang, des alliances qui n'en sont pas vraiment entre puissances occidentales et ou autres... La déliquescence des sociétés, des systèmes politiques, les fanatismes religieux, les conflits entre populations et cultures dont les flux et les implantations se croisent mais ne peuvent coexister ensemble du fait soit du chômage, soit d'une concurrence féroce... Tout cela n'est -encore pour le moment- que le début de qui pourrait se généraliser sur la planète entière, par un conflit d'une ampleur et d'une complexité telle, que les précédentes guerres mondiales avec l'une 25 millions de morts, et l'autre 60 millions de morts, ne seront dans les livres d'histoire des siècles futurs, que des "accidents de civilisation dont la durée n'aura guère excédé quatre ou cinq ans"...

    Je pensai en écrivant cela, tout ce que je viens de dire, à ce livre de Pierre Bordage que j'ai lu récemment " L'ange de l'Abîme"...

     

  • Le quai de Ouistreham, de Florence Aubenas

    Quai de ouistreham

         Florence Aubenas -en tant que femme, journaliste et écrivain- est surtout connue du "grand public" pour avoir été otage en Irak du 5 janvier au 12 juin 2005...

    A l'époque de sa prise en otage elle a été soutenue par ses confrères journalistes qui dénonçaient pour bon nombre d'entre eux, ce qu'elle dénonce aujourd'hui, à savoir ce caractère "pyromane" et de "scoop" des médias...

    ... L'on peut s'interroger cependant, sur le caractère même (et sur la portée) de la dénonciation, de toute dénonciation aussi justifiée et argumentée soit-elle... Qu'y-a-t-il, que trouve -t-on en vérité, derrière la dénonciation?

    La sincérité du moment, dans ce qui est ressenti dans l'événement, dans ce que cette sincérité implique? Mais alors, pourquoi lorsque d'autres événements surviennent, lorsque plusieurs mois ou années ont passé... Ne dénonce-t-on plus ?

    Or plus que jamais aujourd'hui dans l'actualité dramatique du monde, guerre de Syrie entre autres, et flots ininterrompus de migrants... La plupart des journalistes de télévision, de magazines et de quotidiens nationaux et régionaux, n'ont de cesse de produire de ces "scoops", de ces "effets spéciaux de reportage", de ces "petites phrases", tout cela dans un "consensus" frisant l'indécence, l'outrecuidance dans une forme de "pensée unique" orchestrée par les politiques en place, en France et en Europe.

    Dans un Français souvent sommaire et peu respectueux de la grammaire et de l'orthographe, avec des articles à sensation d'un épidermisme consternant, donné "à avaler" à des millions de gens et qui "lamine", "nivelle par le bas", la puissance médiatique fabrique des opinions et de surcroît ment ou dénature...

    Florence Aubenas dénonce tout cela à sa façon, c'est à dire sans outrecuidance, avec lucidité, gravité et faisant part d'une dose d'optimisme malgré tout car elle sait bien "de quel bois, de quelle étoffe est fait le cœur, l'esprit des gens, des gens du peuple, des gens auxquels on ne donne jamais la parole, des gens qu'elle fait monter dans sa voiture pour parler avec eux, des gens qu'elle rencontre devant les portails des usines qui ferment, des gens "ordinaires" en somme, donc tous ces gens complètement oubliés de ces cliques de journalistes consensuels et d'intellectuels arrogants qui eux dans "leur monde à eux" se sentent bien !

     

    ... Le quai de Ouistreham" est un récit saisissant de cette plongée dans le monde de la précarité, un monde dans lequel on ne trouve plus un emploi mais "des heures" avec un contrat à "zéro temps" ! Ce monde là, les journalistes qui ont "pignon sur rue" et qu'on voit sur les plateaux télé, n'en parlent qu'à mots couverts, ou pour produire des images pyromanes...