Articles de yugcib
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Chateaubriand ou rien
- Par guy sembic
- Le 06/02/2015
- Dans Livres et littérature
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François René de Chateaubriand est à la littérature ce que Jean Sébastien Bach est à la musique.
Né le 4 septembre 1768 à Saint Malo, mort le 4 juillet 1848.
"Je me suis rencontré entre deux siècles, comme au confluent de deux fleuves ; j'ai plongé dans leurs eaux troublées, m'éloignant à regret du vieux rivage où je suis né, nageant avec espérance vers une rive inconnue" (Mémoires d'Outre Tombe).
Il me semblait "inconcevable" de passer ma vie entière sans avoir lu François René de Chateaubriand.
Un poète, un historien, un romancier, un témoin de son temps... En un mot un génie ! On peut faire nouveau, on peut faire différent... Et cela a été du temps de ce génie de la littérature que fut François René de Chateaubriand... Et cela a été du temps de tout le 20ème siècle... Et cela est du temps d'aujourd'hui y compris avec Michel Houellebecq... Il n'en demeure pas moins qu'il s'avère difficile de "faire encore mieux" !
... "Etre Chateaubriand ou rien" au début du 21ème siècle, c'est être le premier et le plus immense à innover, en tant qu'écrivain, poète et témoin de son temps, et cela même dans un présent, dans une actualité et dans une réalité reliés au passé tout entier et à l'avenir tout entier... C'est à dire être l'égal de Chateaubriand mais autre...
Ce passage, dans "Mémoires d'Outre Tombe" tome 1 :
"Durant quatre mortelles lieues, nous n'aperçûmes que des bruyères guirlandées de bois, des friches à peine écrêtées, des semailles de blé noir, court et pauvre, et d'indigentes avénières. Des charbonniers conduisant des files de petits chevaux à crinière pendante et mêlée ; des paysans à sayons de peau de bique, à cheveux longs, pressaient des boeufs maigres avec des cris aigus et marchaient à la queue d'une lourde charrue, comme des faunes labourant. Enfin nous découvrîmes une vallée au fond de laquelle s'élevait, non loin de l'étang, la flèche de l'église d'une bourgade ; les tours d'un château féodal montaient dans les arbres d'une futaie éclairée par le soleil couchant."
...Un homme qui ne portait point en son coeur les agitations révolutionnaires, un croyant auteur du Génie du Christianisme...
Mais un homme dont la dimension de son oeuvre d'écriture touche le coeur et l'esprit du libre penseur que je suis...
Dans cette dimension là, autant littéraire qu'humaine, politique et religion se confondent en une ligne de nuages de toutes nuances de blanc, de gris et de noir, une ligne d'horizon vue d'avion à douze mille mètres d'altitude.
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Religion, athéisme, libre pensée
- Par guy sembic
- Le 05/02/2015
- Dans Articles
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... Se faire débaptiser c'est possible : voir à "Fédération Nationale de la Libre Pensée, ni Dieu ni maître"...
http://www.fnlp.fr/spip.php?article74
En ces temps de retour en force du religieux, du religieux qui s'impose dans le débat public, qui devient envahissant et qui nous pourrit la vie, l'on peut décider par réaction et par révolte de se faire radier du registre des baptêmes... Pour un athée qui par cet acte en réaction et en révolte contre le retour en force du religieux, revendique ainsi son athéisme...
Avoir été baptisé catholique "par tradition" ou plutôt "pour faire comme tout le monde", et par la suite avoir été au catéchisme, avoir fait sa communion, puis s'être marié à l'église et pour finir être enterré à l'église... Tout cela a-t-il vraiment un sens, s'il y a davantage pour ne pas dire pour l'essentiel, de l'habitude et de la tradition plutôt que de la croyance voire de la foi? Si le catholicisme séculaire depuis le haut-moyen âge en France et en Europe est en réalité un mode de vie, un environnement social et culturel, la "marque" en quelque sorte d'une civilisation... dans un sens autre que le seul sens religieux ?
L'on ne peut à vrai dire nier la réalité ou le fait de l'environnement social, culturel, de tradition séculaire du catholiscisme en France et en Europe depuis le haut moyen âge... Ce serait en effet comme nier l'existence de la Shoah, nier l'Histoire...
En revanche lorsque le religieux -que ce soit le catholiscisme ou l'islam- entre dans le débat public, s'invite dans la vie civile et génère des situations conflictuelles et de violentes polémiques sans issue ; alors le religieux est perçu par l'athée, par le libre penseur, par le non croyant, comme une calamité.
... Des catholiques ou des protestants non pratiquants (mais seulement "de tradition")... Par réaction contre l'Islam, contre le danger d'envahissement de l'Islam dans le débat public et dans la vie quotidienne... seraient prêts à se revendiquer "plus croyants/plus chrétiens/plus catholiques qu'ils ne le sont en vérité", et même certains d'entre eux en viendraient à revenir à l'église !
Et les Musulmans qui se disent en majorité "modérés" interviennent de plus en plus dans les débats publics, à tel point qu'il faut se soumettre à leurs exigences.
... Vu le "climat" de l'époque, empesté qu'il est de tous les intégrismes possibles et imaginables, de tous les fanatismes et de tous les radicalismes tant politiques que religieux... Puisque telle jeune fille musulmane en arrivant dans un lycée, fait un "pataquès de tous les diables" quand on lui demande d'ôter son voile de son visage ; puisque telle association de catholiques purs et durs entend mettre dix mille personnes dans la rue chaque fois qu'une loi, qu'une disposition légale nouvelle contrevient à ce qu'elle prêche et veut à tout prix qu'on n'y touche pas...
... Alors pourquoi un athée ne revendiquerait-il pas son athéisme, intervenant lui aussi dans le débat public, au risque de contribuer à "conflictualiser" encore davantage le débat par des exigences tout aussi "justifiables" que les exigences d'un catholique ou d'un musulman ?
... La croyance au sens de "avoir la foi" (depuis son enfance et ensuite toute sa vie durant), n' a rien à voir avec un "geste politique, social et culturel" puisque de toute évidence dès l'enfance et ensuite toute sa vie durant, la foi que l'on a en Dieu et dans la pratique d'une religion qui était déjà la religion des parents, des grands parents, des ancêtres... Est indépendante de toute évolution politique, sociale et culturelle en un espace de temps donné, l'espace de plusieurs générations se succédant d'environnement en environnement (environnement de régime politique, de mode de vie, de culture ou de société)...
La croyance au sens de "avoir la foi" mais... seulement à partir d'un certain moment de sa vie, alors qu'avant ce moment on n'avait pas la foi (ou qu'on l'avait sans le savoir) et que l'on n'était pas baptisé catholique, que l'on n'était pas musulman ou juif ou d'une autre religion... Et qui devient déterminante dans le choix de devenir catholique, juif ou musulman... qui fait par exemple, qu'un enfant devenu grand décide de se faire baptiser catholique... N'est pas non plus, liée à un contexte politique, social et culturel (contexte survenant à ce moment là de sa vie où l'on décide de devenir baptisé catholique, ou juif, ou musulman)... Car la croyance au sens de "avoir la foi" (avoir la foi alors qu'avant on ne l'avait pas ou qu'on l'avait sans le savoir) est une affaire tout à fait personnelle, tout à fait intime, tout à fait indépendante de quelque contexte politique, social ou culturel que ce soit... De cela j'en suis persuadé, très intimement persuadé...
L'on peut, cependant, effectivement (et cela se comprend et s'accepte) décider de devenir catholique, juif ou musulman à cause et dans le cadre d'un contexte politique, social et culturel (un contexte en l'occurrence qui n'est pas le contexte politique, social et culturel que l'on souhaite)... Mais je pense qu'il y a néanmoins dans ce choix "à cause d'un contexte politique, social et culturel", quelque chose d'autre que ce contexte, quelque chose que l'on porte en soi depuis son enfance et qui fait qu'à un moment de sa vie, on fait le choix d'être de cette religion (en l'occurrence un non baptisé catholique par exemple, qui se fait baptiser catholique, ou un non musulman qui décide de devenir musulman)...
Si l'athéisme devait être assimilé à une religion (et il peut l'être- ce que je déplore-) alors que serais-je ? ... Un libre penseur certainement... encore faudrait-il que la libre pensée ne soit point aussi une religion...
Car il y a dans ce terme, dans ce concept de "religion", quelque chose qui s'apparente à un modèle, à un "prêt à penser"...
Existe-t-il une autre possibilité que celle du refus ou de l'acceptation d'un modèle, d'un "prêt à penser" ?
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Nos braves et gentils toutous
- Par guy sembic
- Le 02/02/2015
- Dans Pensée, réflexions, notes, tags
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Nos braves et gentils toutous de famille, de dame ou de monsieur âgé seul, petits ou gros, de race ou pas de race, du magnifique berger allemand au petit corniaud à poils ras bout de queue en bouchon agité... Tous nos chers toutous sans oublier les toutous errants et les toutous cagneux qui font les poubelles...
"Ne se bouffent pas le cul mais se transmettent leurs civilités" , lorsqu'ils se rencontrent...
Mais nous humains lorsque nous nous rencontrons, entre hommes on se serre la main, entre femmes ou entre hommes et femmes on se fait la bise (assez souvent)... Et on dit à l'autre "je suis capricorne, je suis poissons, je suis bélier", et l'autre répond "je suis vierge, je suis lion, je suis scorpion"...
... Et, durant le temps d'un tour de notre planète la Terre autour du soleil... Il se réalise bien plus, à vrai dire beaucoup plus... d'œuvres en ultra sons de chauve-souris, d'œuvres en phéromones de fourmis... que d'œuvres en langages humains...
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Livre et liseuse
- Par guy sembic
- Le 22/01/2015
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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Lorsque je scrutais, en TGV, le visage d'une personne lisant -un livre- et que le visage de cette personne me semblait s'ouvrir tel un livre, un livre dont j'aurais feuilleté des pages en imaginant le contenu de ces pages... Et que j'apercevais le titre du livre, la couverture du livre, le nom de l'auteur du livre... Alors le visage de la personne devenait un livre encore plus parlant, encore plus racontant, et, de page en page, le fil de l'histoire d'une vie tout entière se déroulait... Certes dans l'imaginaire mais un imaginaire crédible...
Depuis que les visages, en TGV ou dans les salles d'attente sont penchés sur des liseuses, et que l'on ne voit plus ni le titre ni la couverture du livre, du livre devenu numérique... Alors les visages ne sont plus autant des livres que du temps des livres avec couverture, titre et nom de l'auteur visibles par dessus une épaule, ou encore au dessus des genoux quand on est assis devant la personne lisant...
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Peaux-Rouges et Visages Pâles
- Par guy sembic
- Le 21/01/2015
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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Les "Peaux-Rouges" ou... Plus exactement les Amérindiens qui vivaient en tribus, en peuples disséminés sur la totalité du continent Nord Américain entre l'océan Pacifique et l'océan Atlantique, dans les Montagnes Rocheuses, les grandes plaines du centre, les Appalaches... Et sans doute aussi leurs homologues, les mêmes Amérindiens d'Amérique Centrale et du Sud jusqu'en Patagonie... Disaient des "Visages Pâles" (les Blancs, venus d'Europe) : "Ils ont la langue fourchue comme celle des serpents"...
Les "Peaux-Rouges" ont disparu de la surface de la terre Américaine... Enfin, ce n'est point qu'ils ont totalement disparu, il en demeure encore mais ceux qui sont restés et ont eu de la descendance, appartiennent davantage au "folklore" qu'à la "foire"...
... De nos jours, les "nouveaux Visages Pâles" sont noirs, blancs, jaunes, café-au-lait... et même peau-rouge ou esquimau... Et la langue fourchue comme celle des serpents. Cependant, selon un assez large consensus ayant le vent en poupe tant dans les sensibilités de droite comme de gauche, les intellectuels progressistes et leurs followers que sont bon nombre de ces "nouveaux Visages Pâles", se sont coupé le bout de la langue, une langue n'en demeurant pas moins formée de deux lobes soudés ensemble.
Les "nouveaux Peaux-rouges" que sont les poètes, les caricaturistes, les humoristes et bon nombre d'écorchés vifs au verbe cru et nu mais jamais poseurs de bombes, tout aussi noirs, blancs, café-au-lait, jaunes, que les "nouveaux Visages Pâles" ont, comme les anciens amérindiens, une langue de tamanoir (en long ver ).
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Pensée de ce jour, lundi 19 janvier
- Par guy sembic
- Le 19/01/2015
- Dans Pensée, réflexions, notes, tags
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C'est ce qui nous rapproche le plus, fût-ce la seule chose qui nous rapproche, l'un de l'autre ; les uns des autres, créant ainsi un lien autour de ce qui nous rapproche, un lien tant soit peu "irradiant"... Qui va faire que l'on va pouvoir arriver à exprimer ce qui, sans ce rapprochement, ne peut par l'autre, par les autres, être perçu et encore moins reçu parce qu'il sépare trop... C'est ainsi que recule la haine, que perd du terrain le fanatisme. Mais rien n'est gagné pour autant, il n'y a que la toute petite lueur d'une flamme à peine visible qui commence à danser dans un regard qui ne voulait pas s'approcher...
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Paroles d'écrivains après le 7 janvier 2015
- Par guy sembic
- Le 18/01/2015
- Dans Livres et littérature
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Voici tout d'abord ce qu'a dit Michel Houellebecq dans un entretien publié par le quotidien italien Corriere della Sera, entretien dans lequel l'écrivain s'est revendiqué "irresponsable" comme l'hebdomadaire satirique.
"Rien ne sera plus comme avant", a estimé Michel Houellebecq après les attentats commis contre Charlie Hebdo le 7 janvier, et contre une épicerie casher le 9 janvier...
"Et si l'immense vague de soutien protège pour l'instant les trublions, ensuite je ne sais pas. Malgré la mobilisation historique, la situation ne va pas changer sur le fond. Nous allons redescendre sur terre. Oui j'ai peur, même si c'est difficile de se rendre compte de la situation. Cabu par exemple n'était pas conscient du risque. En lui se mêlaient l'esprit soixante-huitard et une vieille tradition de bouffe-curé. Il n'avait pas saisi que la question est aujourd'hui d'une autre nature. Nous sommes habitués à un certain niveau de liberté d'expression, et nous n'acceptons pas que les choses aient changées. Moi aussi je suis un peu comme ça, inconsciemment. Mais l'idée de la menace revient de temps en temps"...
L'écrivain précise que son rôle n'est pas d'aider à la cohésion sociale, et qu'il n'est pas instrumentalisable.
... On a tout à fait le droit de ne pas aimer Michel Houellebecq. On a donc le droit d'exprimer à sa manière pour quelle(s) raison(s) on n'aime pas Michel Houellebecq.
Je dis que je me "retrouve" dans le style, dans le ton, dans la "vision" de Michel Houellebecq, et qu'il est l'un de mes écrivains préférés de ce début de troisième millénaire. Mais Houellebecq n'est pas une religion.
La différence, l'une des différences qu'il y a entre Michel Houellebecq et moi, c'est que, pour Michel Houellebecq, l'espérance en un monde meilleur est très mince ; alors que pour moi, cette espérance aussi mince soit-elle, s'apparente à une lueur, une lueur pouvant devenir clarté et qui parvient à sécher les larmes.
... Voici ce que dit Christine Angot dans "Le monde des livres" de vendredi 16 janvier à propos de Michel Houellebecq :
"C'est pas le moment de chroniquer Houellebecq"...
Quand on m'a proposé, fin décembre, d'écrire sur Houellebecq, je n'ai pas voulu. Je n'avais pas envie de m'intéresser à lui, il ne s'intéresse pas au réel, qui est caché, invisible, enfoui, mais à la réalité visible, qu'il interprète, en fonction de sa mélancolie et en faisant appel à nos pulsions morbides, et ça je n'aime pas. .../...
.../... Houellebecq, lui, à partir du moment où il arrive à définir des types sociaux qu'il réduit à leur physique et à leur discours, ça lui suffit, il les promène dans son dispositif comme des Playmobil, et c'est tout, le bon vieil épicier tunisien de quartier (dans Soumission, son dernier livre).../...
.../... Dans ses livres, on est tous réduits à ça, à des choses. Ou à des animaux. A de la statistique sociologique. Mais on n'est pas obligé de s'y soumettre. On peut ne pas croire à cette religion là. Un grand écrivain, après s'être aperçu que l'observation ne l'amenait que là, se dit qu'il va tout abandonner parce que c'est trop compliqué. Ensuite il se relève. Il se demande ce qu'il y a derrière. Ce qu'il y a derrière la réalité visible c'est le réel. Et le réel c'est nous. Mais c'est le nous qu'on ne voit pas. Qui ne se trouve ni dans le miroir, ni sur l'écran, ni sur les réseaux sociaux et pourtant c'est nous.../...
.../... Houellebecq ne fait pas de différences fondamentales entre chien et humain, animalité et humanité, regard morne de l'animal et regard de souffrance de l'humain. L'humain n'a rien de spécial. Les droits de l'homme pourraient être les droits du chien. Tout cela, selon un raisonnement qui se présente comme imparable, calme, et surtout : intelligent. Mais d'une intelligence qui se trouverait au dessus de l'intelligence. "
... L'on a dit, de Christine Angot, de ses romans... "Qu'elle écrit comme un pied". C'est ce que j'ai moi même pensé lorsque j'ai essayé de lire d'elle, l'un de ses livres... Parce que "je ne m'y retrouvais pas" dans son style, dans sa manière d'écrire... Mais quand je dis "je ne m'y retrouve pas", en fait je veux dire que le style, que l'écriture de Christine Angot dans le roman dont j'ai lu quelques pages, me déroutait...
"Elle écrit comme un pied"... Soit... Et alors ?
... De François Morel, dont le dernier ouvrage paru est "Meuh !" (Les belles lettres/Archambaud, 2014) :
.../... "Il y a le rire. Le rire pour ne pas mourir. Le rire pour ne pas baisser les bras. Le rire pour se battre contre l'obscurantisme, la bigoterie, la connerie. Le rire pour défendre joyeusement ces notions qu'on ne doit jamais perdre de vue et qui sont sur les frontons de nos bâtiments officiels et insolemment mises en avant chaque semaine par les dessinateurs et les rédacteurs de Charlie Hebdo : Liberté, Egalité, Fraternité."
... "Ce que phobie veut dire", par Olivier Rolin, dont le dernier ouvrage paru est "Le Météorologue" (Seuil, 2014) :
.../... "Islamophobie.../... Un peu de philologie élémentaire est peut-être utile. Phobos, en grec, veut dire crainte, pas haine (misos). Si ce mot a un sens, ce n'est donc pas celui de haine des musulmans, qui serait déplorable en effet, mais celui de crainte de l'Islam. Alors, ce serait une grande faute d'avoir peur de l'Islam? .../...
.../... J'aimerais qu'on me dise où, dans quel pays, l'islam établi respecte les libertés d'opinion, d'expression, de croyance, où il admet qu'une femme est l'égale d'un homme".
... La haine, cependant, cette haine que les intégristes les plus radicaux de toutes les religions voudraient bien que nous, croyants "modérés" ou non croyants, on ait à l'égard des minorités "dérangeantes" sinon même à l'égard de l'ensemble des adeptes d'une religion en particulier ; cette haine est bien là, présente, partout dans le monde là où manifestent dans la violence les intégristes radicaux avec les foules galvanisées qu'ils entraînent (foules soit dit en passant, qui dans leur ensemble sont pour l'essentiel composées de gens se prétendant ou se croyant "modérés"). Que faut-il attendre de tout cela ? Faut-il que nos caricaturistes, faut-il que nos trublions se taisent et renoncent à la liberté qu'ils prennent? Au rire qu'ils ont et qu'ils veulent partager avec ceux qui, avec eux, rient aussi ?
... "Peser ses mots", par Jacuta Alicavazovic, dont le dernier ouvrage paru est "La Blonde et le Bunker" (L'Olivier, 2012) :
.../... "Il me paraît crucial que l'écrit puisse demeurer cet endroit où l'on a toute latitude de peser ses mots. Où chacun est libre de se poser la question de l'utilité collective de son expression personnelle".
... Il y a à mon sens, dans la perspective d'une utilité collective de son expression personnelle, dans le contenu même de la question de l'utilité collective de son expression personnelle... Ce qui, tout ce qui, exprimé de telle ou de telle façon, nous touche et nous relie tous, aussi seuls, aussi singuliers, aussi engagés, aussi silencieux ou non, que l'on soit...
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L'écho
- Par guy sembic
- Le 17/01/2015
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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J'écrivais de ma voix dans un paysage aride et tourmenté
Un paysage de forteresses rocheuses et de fleurs minérales
Barré à l'horizon de flancs abrupts et ciselés
De crêtes et de lignes sombres et déchiquetées
Ce paysage était peuplé de petits renards des sables
De pauvres gens cheminant sur des pistes au tracé incertain
Et de cavaliers noirs aux visages encagoulés
Fendant à coups de sabre les rangs des pauvres gens
Lorsque les pauvres gens parvenaient à former des rangs
J'écrivais de ma voix du plus profond de mes entrailles
Ce que me disait le paysage
J'avais pour amis les petits renards des sables
Et les pauvres gens
Je n'écoutais pas ces prophètes de malheur ou de bonheur
Qui sur leurs grands chevaux
Surgissaient parmi les cavaliers noirs
Ou dans les rangs des pauvres gens
J'écrivais de ma voix j'avais du rire et des larmes
Du rire avec de l'insolence et de la lucidité tragique
Des larmes pouvant encore sécher cependant
A la clarté d'une toute petite flamme vacillante
Je savais que le paysage ne serait plus le même
Qu'il y a seulement trois lieues avant
Parce qu'un ciel désormais traversé de nuages illisibles
Mais tous plus sombres ou plus illuminés d'éclairs les uns que les autres
Pesait de toute son emprise sur le paysage
Et incitait toutes les têtes à se tourner d'un côté ou de l'autre
En un balancement aussi rapide qu'arithmique
J'écrivais de ma voix à vrai dire j'essayais d'écrire de ma voix
Ce que me disait le nouveau paysage apparu
Et j'entendais l'écho-écriture renvoyé par le flanc rocheux de la montagne proche
Cet écho encore plus amplifié et plus explicite que l'écriture voix venue de mes entrailles
Et cet écho c'était comme la voix de ...
L'écrivain dont je me sens le plus proche en ce début de troisième millénaire
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Pensée du jour, ce jeudi 15 janvier
- Par guy sembic
- Le 15/01/2015
- Dans Pensée, réflexions, notes, tags
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Au mieux, la liberté d'expression c'est un regard encore à inventer, un regard à traduire par le verbe ou par le dessin. Il y a juste, au mieux -et c'est déjà heureux- ce regard que l'on a, que l'on traduit par le verbe ou par le dessin, et qui rend la relation possible quoique difficile...
Au pire, la liberté d'expression c'est un fusil avec le doigt sur la gachette. Il y a alors peu, entre le doigt sur la gachette et l'appui sur la gachette. C'est ce qui rend la relation impossible... Et la liberté d'expression problématique.
... La liberté d'expression :
Image du haut "la liberté d'expression en un peu plus compliqué, que l'image du bas"
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L'autodérision, une "denrée rare"
- Par guy sembic
- Le 14/01/2015
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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Rares, très rares, sont les personnages qui, toutes formes d'expression confondues, ont cette capacité d'autodérision de ce qu'ils sentent être au fond d'eux-mêmes, des idées qu'ils défendent, de leurs réalisations, de ce qu'ils disent et écrivent, produisent, diffusent...
Presque tout le monde, à partir du moment où il est convaincu, passionné, où il porte en lui un "message", fait de ce qu'il exprime, comme une "religion"; et en ce sens, il s'apparente à l'un ou l'autre de ces intégristes religieux, de ces intégristes d'une pensée qui selon lui, devrait être partagée par le plus grand nombre autour de lui... Ainsi, décrète-t-il le Beau, le Vrai, le Pur, l'Impur... Et condamne-t-il, voudrait-il réduire au silence, tout ce qui est contraire à ses idées, tout ce qui le dérange...
Mais l'autodérision, l'autodérision comme un dessin en traits de caca sur l'image de soi dans une glace ; ce n'est point pour autant, s'auto-flageller, ce n'est point "faire profil bas" les yeux dans les chaussures, ce n'est point "ne rien dire ne rien être ne rien faire et laisser dire laisser être et laisser faire"...
Les totalitarismes les plus exacerbés, sévissent là où il y a le moins de capacité à l'autodérision et à l'humour qui découle de l'autodérision... Autant dire que les totalitarismes font la loi sur la Terre et que de surcroît, ils sont tous en concurrence les uns les autres, ce qui pourrit la vie des gens et des peuples, car quoi de plus "légitime", de plus "dramatiquement légitime", que de s'allier par opportunisme à un totalitarisme contre un autre totalitarisme ?
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Questions
- Par guy sembic
- Le 12/01/2015
- Dans Articles
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Le livre d'Eric Zemmour "Le suicide français", va-t-il encore être acheté et lu par autant de gens ?
Quel "devenir", à présent, pour ce livre, après ce dimanche 11 janvier 2015 d'une France debout et dans un tel élan d'esprit et de coeur, de près de quatre millions de gens dans les rues ?
Ne faut-il voir là, dans ce mouvement de foule à nul autre pareil depuis la libération de Paris en août 1944, qu'un événement social de grande ampleur et de forte charge émotionnelle, dans lequel ont pris part les médias, le gouvernement et les partis ? Un événement tel celui, par exemple, du premier pas d'un homme sur la Lune le 21 juillet 1969 ? Un événement ressenti par des millions de gens en France, en Europe, et en divers lieux sur les 5 continents de la planète, comme étant de nature à "changer le monde", autant dire notre vie au quotidien, dans notre quotidien de relation humaine ?
Soit dit en passant, il y a bien aujourd'hui en 2015 en France, quelque soixante-six millions d'habitants... Et donc, autant au moins -et plus- forcément, de gens, de millions de gens, qui ne se sont point rendus dans les manifestations de ces derniers jours, du 8 au 11 janvier 2015...
Quel regard, désormais, les Intellectuels, les artistes, les écrivains, les penseurs, pour l'essentiel ceux qui sont dans la contestation d'un ordre politique, économique, culturel ; dans la critique sinon dans le rejet d'une "pensée unique", du refus de la culture de la consommation, de l'individualisme, de l'économie de marché... Vont-ils porter sur le monde, à présent, en tant que témoins de leur époque, en tant qu'observateurs critiques ; comment von-t-ils désormais s'exprimer ? Comment sera-t-il possible d'user des mêmes mots, des mêmes images, qu'avant le 7 janvier 2015 ?
Comment pourra-t-on -et devra-t-on- cependant (je souligne le "devra-t-on") être Eric Zemmour, être Dieudonné, être Michel Houellebecq, être Christophe Alévêque... et tant d'autres de ce regard "qui n'est pas dans le sens du conformisme" ou dans le sens de la "pensée consensuelle"... Au lendemain du 11 janvier 2015 ?
Comment moi-même je vais désormais, au lendemain du 11 janvier 2015, "faire du Yugcib" ?
L'insolence, le refus, la désobéïssance, l'humour décapant, la poésie, la caricature, l'impertinence, la liberté de dire, d'écrire, de dessiner ; la liberté de la création, de mettre en scène devant un public au théâtre et au cinéma... Tout cela continue, continue plus que jamais, se renouvelle, se perpétue, se transmet, se diffuse...
Mais il y a maintenant, à mon sens, comme "quelque chose à inventer" désormais, dans l'insolence, dans le refus, dans la désobéïssance, dans le verbe, dans le dessin... et par extension, dans la relation même... Quelque chose qui existe déjà -et qui a fait ses preuves- contre la haine, contre l'exclusion, contre l'indifférence, contre les fanatismes et les parti-pris... Quelque chose qui existe déjà mais qui doit se lever encore plus debout et en avant !
Et ce "quelque chose là" tient en un regard qui regarde à l'intérieur de l'être que l'on est, en un regard qui s'interroge sur la manière dont il va regarder, et donc, témoigner par le verbe et par le dessin...
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"Je suis Charlie"
- Par guy sembic
- Le 11/01/2015
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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Tout comme Willem, un dessinateur de Charlie Hebdo, je m'interroge...
Quel est en effet, l'avenir de ce "grand élan" quasiment planétaire, qui porte une charge émotionnelle d'une telle envergure et qui voit même un Poutine, et jusqu'à la monarchie Saoudienne... Et au Hezbollah dénoncer la barbarie des assassins ?
Qu'était, en vérité, le journal Charlie Hebdo, au regard du monde, sur la scène internationale des grands et des moins grands, sinon un "fanzine" ?... Avant le 7 janvier 2015 ?
... Ce qui me déroute (en fait je ne suis pas étonné) c'est que, à l'époque de certaines publications (dessins) de Charlie Hebdo, qui heurtaient la sensibilité de Catholiques, de Musulmans, d'associations, de gens même comme vous et moi, chrétiens, musulmans, juifs, homosexuels, handicapés ; enfin d'une assez grande majorité de gens en somme (n'appartenant pas forcément à l'une ou l'autre de ces minorités se sentant offensées)... Beaucoup de gens alors criaient au scandale ! Et "auraient trouvé normal" qu'on interdise ou censure Charlie Hebdo !
Et aujourd'hui, que le drame est là, bien présent, que les dessinateurs sont morts assassinés, le même Tout-le-Monde se déclare et s'affiche, par millions dans toutes les villes de France, ulcéré, blessé... Tout le monde brandit "JE SUIS CHARLIE" et chante la Marseillaise et lève un crayon à bout de bras ; et, jeudi prochain, le 15 janvier, tout le monde va acheter Charlie Hebdo tiré à 1 million d'exemplaires (ce qui ne suffira pas)... J'imagine déjà les queues impressionnantes aux kiosques de journaux !
Certes, tout au fond de moi, du plus profond de mon coeur et de mon esprtit, je ne puis qu'adhérer à ce mouvement, à cette levée en masse de tout le peuple de France, d'Europe et d'une grande partie du monde à ce mot qui pour une fois me semble dépasser le cadre d'un "mot d'ordre" "Je suis Charlie"...
Oui je suis certain de la sincérité, de l'immense sincérité qu'il y a dans cet élan de soutien et de sympathie à Charlie Hebdo... Seulement voilà... Je m'interroge au sujet de ce qu'il y aura réellement de durable, de fort et d'une conscience aussi aiguë que constante d'une telle sincérité, lorsque vont passer les jours, les semaines, les mois ; et que vont survenir de nouveau les différends, les crispations, et toutes les violences en propos et en actes, au quotidien... Et cela d'un bout à l'autre de la société toute entière...
Tout le monde brandit haut et fort, crie "liberté d'expression" mais dès demain, on va continuer à gueuler comme des putois pour un article de Zemmour, un mot de Marine Le Pen ou de Jean Luc Mélenchon ! Ou encore, en quelque blog, forum, sur le Net, qualifiera-t-on de pestiféré un posteur qui aura publié une phrase, un passage jugé "hors de propos et scandaleux" ou d'un humour "n'ayant pas sa place ici"...
Bien sûr, la liberté d'expression implique forcément et naturellement, que l'on dise, que l'on écrive que l'on soit choqué, que l'on combatte l'auteur de tel ou tel propos... Mais entre une Kalachnikov et le banc d'accusation dans une salle de tribunal, il y a tout de même une différence! Entre une "levée de boucliers" assimilable à une exclusion et à une vague de haine et de rejet, et une résistance par le verbe ou par le dessin, il y a tout de même une différence...
... J'imagine le jour anniversaire de ses cent ans, un humoriste dans le genre d'un Coluche, ou un caricaturiste dans le genre d'un Wolinski, ou quelque écrivain anarchiste, drôle et déjanté, invitant à prendre un verre à la terrasse d'un bar des Champs Elysées... Zemmour, Caron, Mélenchon, Marine Le Pen, Dieudonné, le Grand Gourou du Vaudou, la passionaria des Femen, Nicolas Sarkozy et Manuel Valls... Et une flopée de journalistes venus prendre des photos, leur micro à la main, interwievant l'humoriste ou le caricaturiste ou l'écrivain centenaire...
J'imagine, sur le toit du célèbre bistrot des Champs Elysées, une troupe de matous et de minettes menant une sarabande débridée ; et sur le trottoir en face du bistrot, une volée de moineaux s'égaillant et piaillant...
Il ne s'écoule pas un quart d'heure de cette scène, que l'un des journalistes levant les yeux au ciel, aperçoit comme un deuxième soleil surgissant d'une nuée sombre, un deuxième soleil qui très vite envahit le ciel tout entier, éteint le premier soleil, et fond sur le monde...
... L'éclat de rire des Elohim...
Mais le regard de l'un des Elohim, figeant en un rictus d'incrédulité, le rire de tous les autres Elohim, au moment où il prend au fond de ses yeux l'image du monde en son dernier instant...
"Pourquoi, Elohim 103293, prends-tu l'image du monde dans tes yeux?"
"Pour que le monde, que je vais retirer de cette image, puisse devenir ce que vous ne le laissez pas devenir...
... Défendre notre civilisation, la civilisation de nos valeurs, la civilisation dite "occidentale" (en fait "l'occident élargi") contre ce qui nie et veut détruire cette civilisation, c'est plus que jamais de nos jours, s'attacher à ne donner aucune prise à nos ennemis, et donc, à demeurer toujours, avec la même constance au quotidien, dans cette conscience aiguë, durable et forte, de ce que nous avons éprouvé avec autant de sincérité lors de ces immenses manifestations dans toute la France et ailleurs dans le monde, en ces jours de janvier 2015...
Ainsi s'éclairciront leurs rangs, ainsi ne gagneront-ils plus à leur "cause" de nouveaux adeptes, ainsi finiront-ils par disparaître...
Nos différends, nos haines, nos rejets, nos exclusions, nos violences... C'est bien de cela qu'ils se servent, et de tout ce que l'on expose de ces différends, de ces haines, en images, en propos diffusés...
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La possibilité d'une île, de Michel Houellebecq
- Par guy sembic
- Le 10/01/2015
- Dans Livres et littérature
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Un roman d'anticipation qui met en scène le personnage principal, Daniel, chargé d'écrire un « récit de vie » qui fournira l'essentiel -et le détail- de ce qui alimentera la mémoire des clones qui vont lui succéder...
C'est l'effondrement, précédé de la déliquescence d'une civilisation, que constate Michel Houellebecq, avec le culte de l'argent roi, l'individualisme forcené et l'irresponsabilité.
La jeunesse, les apparences dans ce qu'elles représentent de plus séduisant pour le plus grand nombre de gens, font des « vieux » des personnages délaissés et exclus, du fait de la dégradation de leur corps...
Toutefois, par la dimension d'une quête mystique (peut-être dégagée des idéologies et des religions, autant que des systèmes de pensée, de morale et de philosophie) l'auteur nous fait entrevoir une infime espérance : un monde restreint certes, mais dans lequel l'amour est possible. (la « possibilité d'une île)...
Pour ma part, je dirais plutôt l'impossibilité d'une non-île … Ce qui me semble « plus réaliste » et par là même, « plus optimiste »...
… Page 420, ce passage :
« Rien ne subsistait aujourd'hui de ces productions littéraires et artistiques dont l'humanité avait été si fière ; les thèmes qui leur avaient donné naissance avaient perdu toute pertinence, leur pouvoir d'émotion s'était évaporé. Rien ne subsistait non plus de ces systèmes philosophiques ou théologiques pour lesquels les hommes s'étaient battus, étaient morts parfois, avaient tué plus souvent encore ; tout cela n'éveillait plus chez un néo-humain le moindre écho, nous n'y voyions plus que les divagations arbitraires d'esprits limités, confus, incapables de produire le moindre concept précis ou simplement utilisable. »
… Le 7 janvier 2015, jour de l'attentat sanglant contre Charlie Hebdo, paraît le sixième roman de Michel Houellebecq « Soumission » https://fr.news.yahoo.com/après-buzz-polémique-soumission-arrive-librairie-061219181.html
Si j'avais eu moi-même l'idée d'un roman ou d'un récit, ou plutôt d'une nouvelle sur exactement le même thème, dans la même « politique fiction » j'aurais dépeint une France de 2022, dominée par un Parti Musulman « un peu plus engagé dans l'Islam » que « Fraternité Musulmane »... et donc, « un peu moins modéré » on va dire... Mais je ne me serais guère étendu, cependant, sur la « radicalité » de la doctrine, sur l' « engagement » par lui-même, des croyants dans les aspects, dans le détail de leurs pratiques, de leur mode de vie... Je me serais attaché plutôt à donner à mon récit, une forme ironique, j'aurais décrit ces galeries marchandes des grandes surfaces de consommation de masse , désormais sans boutiques de « fringues féminines », sans boutiques d'Yves Rocher … Mais peut-être avec cependant quelques boutiques de « petits dessous » et de « lingeries fines » aux vitrines recouvertes de l'intérieur par des tissus épais et opaques, afin que seuls, les maris accompagnés de leurs femmes entièrement voilées, aient envie d'entrer dans ces boutiques surmontées d'enseignes discrètes... Et ces cantines scolaires, ces restaurants, sans porc évidemment, mais où le moindre poireau, le moindre nugget de poulet, serait halal...
Du fait qu'il y aurait à mon avis, au moins autant de chômage en 2022 qu'en 2015, l'arrivée de ce Parti Musulman au pouvoir, aurait contribué à augmenter le chômage, du fait de l'arrêt de l'industrie d'élevage du porc et de la mise hors service d'un certain nombre d'abattoirs... A moins que les éleveurs et les industriels ne se soient reconvertis dans le mouton, l'agneau, le bœuf, l'âne, la chèvre...
Cinq ans plus tard en 2027, imaginerais-je, c'est le Parti Végétarien qui prendrait le pouvoir, avec cette fois, pour hôte de l'Elysée... Aymeric Caron. Et de nouveau, l'on reverrait les gambettes des femmes, et les foulards auraient raccourci, seraient devenus de jolies écharpes fines chiquement nouées autour du cou...
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La liberté d'expression
- Par guy sembic
- Le 08/01/2015
- Dans Chroniques et Marmelades diverses
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Déjà, lors de la disparition d'humoristes, d'artistes, chacun à leur manière des personnages "qui ont marqué leur époque", dont la trace demeure indélébile, intemporelle, que je savais tout aussi mortels que le commun des mortels mais dont je n'imaginais pas un seul instant qu'ils puissent cesser d'être tant ils emplissaient de leur présence mon quotidien, le quotidien à vrai dire de millions de gens... Dès le lendemain de leur disparition, et encore bien des années plus tard, je me disais à chaque fois "le monde ne sera plus comme avant" et je sentais un grand vide, comme dans un paysage qui, bien qu'aride et difficile à traverser, mais avec des oasis, venait de voir disparaître ses oasis dans un séisme...
Je pense -entre autres- à Jacques Brel, à Georges Brassens, à Coluche, à Serge Gainsbourg, à Jean Ferrat...
Au lendemain du mercredi 7 janvier 2015, c'est encore un autre séisme qui vient de briser le paysage, le paysage dessiné par les artistes du journal Charlie Hebdo... Et de nouveau "le monde n'est plus comme avant, il y a ce vide, ce vide immense, ce désespoir et ces douloureux points d'interrogation...
Mais je me dis aussi, en même temps "il faut que le monde puisse devenir ce qu'il n'a encore jamais été mais seulement rêvé, même si ce monde ne serait pas forcément meilleur, vraiment meilleur, que celui dans lequel on vit, que l'on doit continuer à vivre sans Charb, sans Cabu, sans Bernard Maris, sans Tignous, sans Honoré, sans George Wolinski...
... La liberté d'expression devient plus que jamais, depuis le mercredi 7 janvier 2015, non seulement une obligation morale et de principe républicain mais aussi et surtout, s'impose encore davantage en tant que valeur naturelle et universelle dans la relation humaine...
La littérature, le dessin et toute forme de réalisation artistique, permettent de tout exprimer, y compris ce qui dérange ou ce qui déconcerte...
Sans la littérature, sans la poésie, sans le dessin, en l'absence de toute forme d'art, il reste cependant la parole qui ne se fait pas écriture et encore moins poésie, il reste l'écrit en le seul état de parole de tous les jours, ce qui est tout de même un moyen d'expression...
Sans la liberté d'expression l'on se sent réduit au silence par la peur...
Sans la liberté d'expression il n'y a plus de littérature ni d'art...
Sans la liberté d'expression il n'y a même plus de parole ni d'écrit ordinaire voire vulgaire ni quoi que ce soit que l'on puisse exprimer, il ne reste que la soumission à ce qui s'impose par la force et par la violence...
De toute manière, dans l'absence de la liberté d'expression, vient la nécessité de la liberté d'expression, la liberté d'expression qui parvient contre tout ce qui l'empêche, à se frayer un passage...
... Lorsqu'en mai 2002 je rédigeai Grand Hôtel du Merdier, ce livre que je devais publier en 2007, et qui, en 2002 n'était encore qu'une ébauche ; je déplorais le fait que le journal Charlie Hebdo n'ait point réagi à un courrier que j'avais adressé à son rédacteur en chef de l'époque, vraisemblablement en 2001... Dans ce courrier je présentais quelques uns de mes dessins, car j'avais pensé que, chez Charlie Hebdo, ces dessins auraient pu être appréciés...
Je rédigeai donc un passage, dans Grand Hôtel du Merdier, dans lequel j'exprimais à ma manière, ma déception de ne pas avoir eu de réponse...
Je n'imaginais pas, à l'époque, bien sûr, ce qui allait arriver à Charlie Hebdo le mercredi 7 janvier 2015...
Lorsqu'un livre est écrit -et publié- "il l'est bel et bien"... Tel qu'il fut rédigé, et publié...
Un livre ce n'est pas comme un nuage qui, d'une heure à l'autre, d'un moment à l'autre, change de forme tout en demeurant le nuage qu'il est dans son type de nuage (un stratus, un cumulus...)
Il est certain que, si je devais publier mon livre, le même livre, en 2015, ce passage dans lequel j'exprimais à ma manière ma déception, ne figurerait pas.
Ainsi la liberté que je pris à m'exprimer, avec les mots que je dis, le ton de ces mots -et éventuellement leur portée- est-elle, demeure-t-elle ma liberté du moment...
Il devrait y avoir à mon sens "quelque chose d'intemporel" dans la manière dont on s'exprime. Et c'est bien là le sens que j'attache, que je m'efforce désormais d'attacher, à la liberté d'expression...
L'on peut, cependant "avoir et prendre sa liberté du moment" (du moment vécu en tant que témoin, observateur critique ou acteur)... Mais essayer de suggérer dans la formulation même ou dans une autre formulation quelques pages plus loin, que la liberté que l'on prend à s'exprimer "de cette manière là" peut être ré-exprimée différemment... Parce que, de toute évidence, rien n'est à jamais figé.
Si tout ce que nous croyons, si ce qui procède de la culture, de l'art, de la connaissance, de la relation, de ce que l'on ressent, de ce que l'on exprime ; devait demeuré figé, figé comme la surface d'une mer gelée qu'un coup de hache ne pourrait briser... Alors, il n'y aurait plus de culture, plus de connaissance, plus de relation, plus de ressenti, plus d'émotion, plus d'expression, plus de vie possible même... Il y aurait seulement cette surface plane, infinie, désespérante, sans passé, sans avenir, entièrement gelée à perte de vue, et d'une intemporalité celle là, inacceptable, à l'opposé de l'intemporalité du coup de hache sur la mer gelée, ou du regard qui voit par delà l'horizon qui cerne la mer gelée...
... Il est de ces idéologies, de ces idéologies "totalitaires", qui sont comme des mers à jamais gelées, d'une infinie et désespérante étendue...
Et dans ces idéologies là, il n'y a plus de culture autre que celle de la présence d'un énorme totem prenant la place du ciel tout entier...
Par exemple, du temps du III ème Reich et du nazisme, les hauts dignitaires du Reich se ralliaient à la conception du monde et de l'univers, élaborée par Hans Hörbiger (théorie de la glace éternelle, selon laquelle la Voie Lactée serait composée de blocs de glace). Cette théorie rejoignait ce que pensaient alors les hauts dignitaires du nazisme au sujet de l'astronomie moderne jugée décadente et abstraite, ainsi d'ailleurs que de la culture et que de la littérature de l'époque jugées tout aussi décadentes et perverses... Et combattues, détruites lors d'autodafés où l'on brûlait des milliers de livres sur les places publiques...
... Toutes les idéologies totalitaires et donc porteuses et diffuseuses d'un "ordre du monde" censé être le seul et unique pour l'ensemble des peuples du monde... Sont négationnistes et destructrices de toute existence et expression de culture et d'art, différentes de ce que le seul "ordre du monde et de vérité" impose par la force, par le meurtre des intellectuels, des poètes, des artistes toujours jugés décadents et impies...
Les conquistadores et colonisateurs Portugais, Espagnols, Anglais, Hollandais, Français, Allemands du 15 ème au 20 ème siècle ont tous, d'une manière ou d'une autre, nié les cultures des peuples avec lesquels ils sont entrés en contact, et ont imposé leur religion, leur mode de vie, leurs lois, partout sur la planète, et cela même sous couvert des "bienfaits" que leur ordre "de civilisation" apportait à ces peuples...
Dans les nouvelles idéologies totalitaires d'aujourd'hui, depuis la fin du 20 ème siècle, les "bienfaits" deviennent en fait, inexistants, et ce qui remplace les "bienfaits", c'est la condition de soumission absolue d'un peuple sinon de tous les peuples du monde si possible, à l'idéologie dominante ou combattante par la violence pour dominer. Les vecteurs de ce combat étant la haine entretenue et attisée entre les hommes, les partis, les clans, les ethnies, les "communautarismes", dont la résultante principale est l'adhésion du plus grand nombre possible à l'idéologie en ordre de marche laminant tout sur son passage autour de l'énorme totem prenant la place du ciel tout entier.
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"On ne subit pas l'avenir, on le fait" (Georges Bernanos)
- Par guy sembic
- Le 06/01/2015
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... On fait l'avenir dans le présent, donc...
Mais le présent c'est aussi le résultat de ce qui a précédé ce présent. Nous vivons actuellement le présent comme si ce qui l'a précédé ne nous concernait plus... Ou alors, nous avons, du moins certains d'entre nous qui avons connu ce qui précède, la nostalgie (le regret) de ce qui fut et n'est plus... Ce qui rend le présent que nous vivons, aussi peu apte à faire l'avenir, dans la mesure où nous subissons un présent dont on déplore les maux, un présent dans lequel nous ne nous efforçons pas à devenir les acteurs d'un changement que l'on espère, un présent dans lequel nous demeurons essentiellement passifs et critiques, et qui forcément fera un avenir que nous subirons aussi...
Pour ne pas subir l'avenir il faut donc déjà ne pas subir le présent. L'on cesse de subir le présent en se sentant relié à ce qui a précédé, mais sans la nostalgie (le regret) de ce qui a précédé.
Mais il y a encore le souvenir, le souvenir de ce qui fut, lors de la traversée des paysages, lors du parcours de tous ces chemins ; le souvenir d'une expérience difficile et douloureuse, ce souvenir dont on jalonne de bornes de pierre et de stèles, le paysage, le chemin présent... Comme pour "conjurer" un avenir que nous ne voulons pas de nouveau subir.
Il faut donc, ne pas avoir la nostalgie (le regret) mais à la place la connaissance (connaissance de la vérité historique et événementielle)... Et en même temps, ne pas avoir le culte (ou la culture) de la "pensée comme il se doit en vertu de..."
La nostalgie et le culte de la "pensée comme il se doit" , autant que l'oubli dans le sens où l'on ne se sent plus concerné, autant que l'abandon de ces assises fermes sur lesquelles on ne construit plus, autant que ces racines enfouies dans le sol profond, que l'on a coupées à la "hache de la modernité et des modes nouvelles" ... Tout cela élargit les fossés, creuse les abîmes et fait un présent qui fera un avenir que l'on devra subir... Avec encore plus de radicalités, de fanatismes, de rejets, de violences, d'insécurités...
Il est encore temps de ne pas subir le présent, même si nous sommes déjà entrés dans un avenir que l'on commence à subir, du moins pour une très grande majorité d'humains... (une très petite minorité soit dit en passant, ne subit pas mais fait subir jusqu'au jour où elle aussi subira... Mais ce jour là y'aura plus d'avenir)...